JEAN HUNYADY. MATHIAS CORVIN. 339 nitiens Ja Dalmatie. Une insui’rection de paysans, une épouvantable jacquerie vitit encore attrister ce règne lamentable. La Hongrie était un pays essentiellement aristocratique; les magnats »’efforçaient d’étouffer la moyenne noblesse; celle-ci se dédommageait sur les paysans ; de sourdes haines fermentaient dans les classes rurales, et n’attendaient qu’une occasion pour éclater. Le cardinal Bakracz arriva de Rome^-en 1513, apportant avec lui une bulle de croisade çontro les infidèles; les paysans s’armèrent, comme pour marcher contre les Turcs, mais ils tournèrent leurs armes contre les seigneurs. Cette terrible insurrection a gardé dans l’histoire de Hongrie, le nom d’insurrection des Kurucz (Kouroutses, cruciciti) ou croisés. Le mot fut-il créé à ce moment? Peut être remontait-il à la première croisade, à cette époque où les défenseurs de la Palestine traversaient la Hongrie en la ravageant. C’est parmi les Szeklers de Transylvanie que se trouva lo chef de ce mouvement redoutable, le paysan Dosza. De son camp de Gsegled, il lança une proclamation où il s’intitulait le puissant chevalier, le général des croisés, soumis au roi et non aux nobles, et où il appelait les paysans aux armes contre la noblesse infidèle. Armés de faux, les paysans marchèrent contre les seigneurs. Frappés de terreur après une première défaite, les seigneurs appelèrent à leur tête Jean Szapolyai, voievode de Transylvanie. Vaincu près de Temesvar, Dosza tomba au pouvoir de ses ennemis. Leur vengeance fut terrible : le roi des paysans fut assis sur un trône ardent, couronné par le bourreau d’une couronne de ferrougie au feu; il supporta les plus affreux supplices avec une constance qui étonna ses ennemis. Son nom est resté populaire dans le peuple hongrois et celui des Krrucz reparaîtra plus d’une fois dans l’histoire du pays. Le Kurucz, c’est désormais le Jacques Bonhomme de la Hongrie. Le peuple prétendit qu’en punition de la cruauté qu’il avait déployée en cette circonstance, Szapolyai était devenu aveugle pendant deux ans, et qu’il n’avait recouvré la vue que grâce aux ferventes prières de sa famille. Cette insurrection réprimée, on put croire que l’ordre