170 CHAPITRE X. slave; il proscrivit de la langue les germanismes, comme il avait chassé les Allemands de l’Université : « De même, écrivait-il, que le prophète Néhémie battit des enfants juifs pour les avoir entendus parler un jargon dAzot et ignorer • l'hébreu, de même il faudrait battre les Pragois et d’autres Tchèques pour parler moitié allemand, moitié tchèque. A les entendre, on ne sait vraiment ce qu’ils disent. » Ses œuvres polémiques ou religieuses, ses lettres datées de Constance, sont encore aujourd’hui considérées comme des modèles. Poëte, il écrivit quelques cantiques. Il en composait lui-même la musique, et les connaisseurs affirment qu’il introduisit d’heureuses innovations dans la chant religieux. Mais ce qui frappa les contemporains, ce fut moins le génie du Maître que la pureté de sa vie, la douceur de son caractère, l’héroïsme de son martyre. Le concile avait voulu qu’il no restât rien de lui sur la terre. Il avait fait brûler ses vêtements, jeter ses cendres dans le Rhin. Il croyait avoir pour jamais chassé l’esprit de réforme et dompté la Bohême. Lamentable illusion! A la flamme du bûcher de Jean Hus, allait s’allumer un incendie qui après avoir désolé la Bohème et l’Allemagne, ne n’éteignit que dans le sang d’innombrables victimes.