284 CHAPITRE XVI. Leurs chefs étaient le comte do Thurn, Schlick, et Guillaume de Lobkovice. Ils pénétrèrent en armes dans le château; ils y trouvèrent quatre des lieutenants impériaux : le grand burgrave Adam de Sternberg et son beau-fils le burgrave de Karlstein, Iaroslav de Martinice, le juge suprême Guillaume de Slavata et le grand prieur de ¡’Ordre de Malte, Diepold de Lobkovice : auprès d’eux se trouvait un personnage obscur, célèbre depuis ce jour, le secrétaire Fabricius. La pièce assez petite — on la montre encore au château de Prague — n’admit qu’un nombre restreint de conjurés; parmi eux Thurn, Schlick, Guillaume de Lobkovice, Ulrich Iiinsky, Paul de Riëan. Us interpellèrent avec violence les lieutenants et les sommèrent d’avouer s’ils avaient inspiré la lettre menaçante que Mathias avait écrite aux Etats. Les lieutenants refusèrent de répondre. Thurn insista et déclara qu’il ne se retirerait point sans avoir obtenu une explication. Schlick, Lobkovice interpellèrent violemment les lieutenants: « Vous devez savoir, canailles jésuitiques, que vous n’avez point affaire à des femmes ». Tous les conjurés s’accordèrent à désigner Martinice et Slavata comme les inspirateurs responsables de la lettre impériale. Malgré leurs protestations, ils furent déclarés .ennemis de la patrie et mis hors la loi. Après cejugement sommaire, les factieux jetèrent à la porte Sternberg et Diepold de Lobkovice : les deux autres lieutenants furent saisis et lancés par les fenêtres du château. Le secrétaire Philippe Fabricius qui se cachait parmi les assistants eut la même destinée. Par un hasard singulier, les trois personnages échappèrent à la mort qui leur était destinée. Bien que tombés d’une hauteur de vingt-huit toises — environ quarante mètres, — ils ne se firent aucun mal. Les immondices qui remplissaient les fossés du château avaient amorti la chute. Les catholiques ne manquèrent pas de crier au miracle. Slavata seul fut légèrement blessé : poursuivis par une vive fusillade, ils réussirent à s’échapper et à se cacher dans une maison amie. Le secrétaire Fabricius courut à Vienne porter la nouvelle de la catas-