LES TCHÈQUES ET LES SLOVAQUES. 627 Rlcgcr chez Napoléon III (1869). Le premier épisode de ce qu’on pourrait appeler la diplomatie tchèque est constitué par l’audience de son chef politique chez Napoléon III au cours de l’année 1869. Je renvoie pour les détails à la notice très détaillée que j’ai consacrée à Rieger dans la Renaissance tchèque ('). Je rappelle seulement ici que, à la suite de certaines circonstances auxquelles je n’ai pas été étranger, Rieger fut au cours de l’été 1869 reçu en audience secrète par Napoléon III. Il lui remit un mémorandum où il exposait la solidarité des intérêts français et tchèques dans la lutte contre l’Allemagne. Il y déclarait (en 1869, notez la prophétie) que l'Autriche pouvait être amenée à sa ruine par les Allemands qui rêvent une grande Allemagne et par les Magyars. L’Etat autrichien, disait-il, ne courrait pas ce risque si les Slaves y jouaient un rôle en rapport avec leur nombre. Il rappelait que la puissance de l’Allemagne s’était établie au détriment de la race slave. Or la frontière occidentale de la Bohême n’était pas plus éloignée de la frontière française — c’esl-à-dire du Rhin — que Snrre-brück ne l’était de Ptr s L’Allemagne maîtresse de la Bohême dominerait toute 1 Europe centrale de la Baltique à l’Adriatique. Elle réduirait tous ses voisins au rang de vassaux. Nos intérêts, concluait Rieger, nous obligent à empêcher la formation de cet Etat et j’imagine qu’ils sont identiques à ceux de la France. Napoléon III n’eut pas le temps de mettre à profit ces sages insinuations. D’ailleurs on avait en ce temps-là des idées singulières sur le panslavisme ! Notre défaite donna lieu aux Tchèques d’affirmer solennellement leurs sympathies pour la France, de protester contre l’annexion de l’Alsace-Lorraine. Ils n’ont cessé d’affirmer leurs sympa- 1. Alcan, 1911, p. 188 et suivantes.