FORMATION DE L’ÉTAT MAGYAR. 57 D’abord, l’empereur de Gonstantinople implora leur alliance' contre les Bulgares, puis ce fut Arnulf qui les appela contre Svatopluk. ’ Là région danubienne où ils arrivaient avait depuis doux siècles été ravagée et occupée par leurs ancêtres et leurs congénères. Les Huns d’Attila y avaient campé, puis les Avares s'y étaient établis depuis la fin du sixième siècle jusqu’à l’époque où Charlemagne avait détruit le grand hring situé entre- le Danube et la Tisza où leur khan s’abritait (796). Les Magyars firent une première expédition, peu heureuse d’ailleurs, en 892, contre la Moravie. Deux ans plus tard, ils revinrent, et cette fois avec la ferme résolution de s’établir dans les pays qu’ils pourraient conquérir. «Dans toute l’histoire des invasions barbares, on trouverait peu d’exemples d’une aussi grande migration. Deux cent seize mille hommes en âge de porter les armes, ce qui supposerait une population totale de près d’un million, tels sont les chiffres adoptés par la tradition nationale, et l’on ajoute que cette multitude mit près de trois ans à traverser les Garpathes. On ne doit s’étonner ni de cette lenteur, ni de ce nombre immense, quand on songe d’une part à tous les chariots', à tous les ustensiles, à tout le butin que traînait cette population mouvante, d’autre part aux fréquents déplacements des masses ouralo-altaïques.... Cette nation était conduite avec une exacte et savante discipline admirée par un illustre connaisseur byzantin. Ces corps vigoureux, habitués à toutes les privations du désert, ne succombaient ni au froid, ni à la chaleur, ni à la faim, ni à la soif. Durs au mal, aucune tâche ne leur semblait impossible.... Toutes les armes leur étaient bonnes, l’épée, l’arc, la lance, car ils savaient lutter à cheval et à pied ; mais, cavaliers bien plus que fantassins, ils préféraient combattre sur leurs montures petites, rapides, infatigables; les flèches étaient leurs armes favorites Dans leur ordre de bataille, ils étaient divisés en troupes de mille hommes chacune, également prêtes à se rapprocher pour former une seule masse ou à fondre sur l’ennemi en