LA HONGRIE RÉVOLTÉE. 321 Le règne deLéopold I (1657-1705) a laissé à la Hongrie fes plus tristes souvenirs. La Diète, lors du couronnement de ce prince (1655), avait exigé que la dignité de Palatin fût rétablie et les troupes étrangères éloignées du pays : le parti protestant réclamait en outre en faveur de la liberté de conscience souvent violée. L’invasion des Turcs, sous la conduite du grand visir Kuprugli, réunit un instant toutes les forces de la Hongrie et de l’empire; les Impériaux étaient commandés par le célèbre Montecu-culli (1664), le digne adversaire de Turenne, les Hongrois par Zrinyi, le descendant du fameux héros de Szigeth. Zrinyi accomplissait des prodiges de valeur chevaleresque Montecuculli représentait l’école sévère des grands tacticiens de la guerre de Trente Ans. On connaît cette bataille de Saint-Gothard, livrée sur le sol hongrois, (1er août 1664) où les auxiliaires français, sousla conduite de la Feuillade et de Coligny, jouèrent un rôle si brillant. Ce fut pour les Turcs une formidable défaite qui réjouit toute la chrétienté. Les Magyars l’appellent bataille de Kœrmend. La Hongrie ne profita guère de ce triomphe; la paix qui fut conclue presque aussitôt à Yasvar sans la participation de la Diète, n’affranchit pas la moindre parcelle du sol hongrois; une trêve de vingt ans fut conclue. Les Turcs reçurent plusieurs places fortes nouvelles, notamment Nagy Varad (Grand Varadin). Il semblait que le traité eût éié conclu dans l’intérêt de la Turquie et de l’Autriche contre la Hongrie. L’empereur Léopold, mené par les jésuites, inspiré par le double fanatisme de la foi intolérante et de l’absolutisme monarchique, s’était proposé d’anéantir à la fois la religion réformée et les libertés du royaume. Il essaya d’abord de supprimer la Diète et de la remplacer par une réunion de magnats et de prélats rassemblés à Vienne; mais, même chez cette assemblée, il trouva une indépendance qui contrariait ses projets. Est-il vrai qu’il ait prononcé un jour cette parole néfaste : Faciarn Hungaricim cciptivam, postea mendicam, deinde catholicam? Il faut se défier de ces mots historiques Ce qu’il y a de certain, c’est que’ceux qui l’entouraient ne dis- BIST. DE L’AUTRICHE. 21