FERDINAND IV. 403 D’autre part, il ne faut pas oublier que, dans la plus grande partie de la Galicie, le paysan n’est pas polonais. Les Ru-thènes constituent dans la partie orientale de cette province la majorité delà population. Ils avaient plus encore que les paysans polonais eu à souffrir des magnats galiciens. Attachés à l’église grecque unie, ils avaient eu plus d’une fois à gémir du fanatisme de leurs maîtres qui leur faisaient payer un droit pour prier dans leurs églises, ou affermaient ces églises à des juifs. Le gouverneur de la Galicio Stadion, connaissait leurs griefs et en avait pris bonne note. La noblesse polonaise elle-même ne pouvait ignorer les revendications qui se préparaient. Dans la diète, fort peu libre, qui se réunissait de temps en temps à Lemberg (Lwow), elle avait demandé à s’occuper du sort des paysans (1843). Mais le gouvernement autrichien se souciait peu de régler des conflits qui lui permettaient d’appliquer la maxime : divide ut imperes. Cependant une insurrection polonaise se préparait en Galicie et dans le duché de Poznan. Le 28 février 1846, sur l’annonce d’un complot dont Cracovie était le centre, le généra] autrichien Collin occupa cette ville avec environ mille hommes et trois canons. Pendant deux jours la ville sembla tranquille; maisle21, en présence d’un mouvement révolutionnaire, le sénat et les autorités de la république déposèrent leurs pouvoirs, les troupes autrichiennes furent attaquées par les Polonais et durent battre en retraite. Le colonel Benedek accourut de Lemberg et, avec le secours des paysans, battit le comité révolutionnaire de Cracovie qui fut réoccupée le 2 mars. Benedek, le « faucon de la Vistule », commençait ainsi une carrière qui devait aller échouer à Sadova. Le succès éphémère des Cracoviens avait jeté la terreur à Vienne ; la police multiplia les arrestations dans tout l’empire et spécialement en Galicie. Ces mesures firent échouer l’insurrection qui sans doute eût promptement gagné la Pologne russe. Les paysans étaien* peu disposés à marcher avec leurs seigneurs, et les dénonçaient à l’autorité ou les livraient eux-mêmes. Une