LA HONGRIE ET LES PAYS SLAVES. 483 attendras on vain des étrangers les honneurs que la terre bohème t’a rendus depuis tant de siècles ! » La Disserlatio apologetica restée inédite iut publiée par l’érudit Pelcel en 1775, à la veille de l’avénement de Joseph II.Un an auparavant, l’un des rares représentants de l’aristocratie indigène, le comte Kinsky, avait réclamé, dans une brochure allemande, le maintien et le développement de la langue natione^le. Des historiens consciencieux, Pelcel, Dobner, Prochazka, se mirent à étudier les origines de la Bohême. La- Société royale des sciences fut fondée à Prague on 1784. L’étude des origines ramenait fatalement les érudits sur le terrain slave : l’archéologie conduisait à des recherches philologiques, et il n’était plus possible de dédaigner un idiome dont on découvrait à la fois le curieux génie, la riche littérature, la parenté avec cette famille de langues slaves qui s’étend de l’Adriatique à l’Océan Glacial. En 1793, une chaire de langue tchèque fut créée à cette même université de Prague où Joseph II avait introduit la langue allemande. Le grand linguiste Dobrovsky (1753-1829), par ses voyages, par ses travaux, jeta les bases de la philologie slave comparée. Ses précurseurs avaient pour ainsi dire traité le tchèque comme une langue morte : de jeunes poètes lui donnèrent la vie qui semblait lui manquer et en firent l’organe de leurs aspirations patriotiques. En 1818, grâce aux comtes Sternberg, le musée tchèque fut fondé à Prague, et ses précieuses collections excitèrent une sympathique curiosité. On fouilla les archives et les bibliothèques : la découverte de poésies du màyen âge, comme le Jugement de Liboucha et le Manuscrit de Kralove-Dvor, fut accueillie avec un véritable enthousiasme *. On a contesté l’authenticité de ces poèmes; il n’y a pas lieu de la discu^ ter ici ; ce qu’il y a de certain, c’est que, vrais ou faux, ils exercèrent une irrésistible influence et qu’ils répondaient admirablement aux sentiments publics de l’époque 1 : « Il 1 Voir L. Leger. Chants héroïques et chansons populaires des Slaves de Bohême.