514 CHAPITRE XXVIII. Slaves de Turquie? Quelle doit être leur attitude vis-à-vis des autres nations et notamment du parlement de Francfort? A quelles conditions peut-on organiser 1 Autriche en un État fédératif? Les décisions du congrès allemand de Francfort peuvent-elles faire loi pour les contrées slaves de lAutriche? Telles étaient les questions que le Congrès devait agiter. Il se proposait, on outre, d'adresser aux peuples de l'Europe un manifeste pour leur faire connaître les tendances d’une race trop dédaignée et connue surtout à l’étranger, par les calomnies de ses ennemis. Le nombre des délégués tchèques, moraves et slovaques, était de 237, celui des Polonais et des Ruthènes de 41, celui des Croates et des Serbes de 42. Malheureusement, tandis que le congrès poursuivait ses pacifiques délibérations, une émeute, dont les causes sont restées encore aujourd’hui inconnues, éclata à Prague. On a prétendu qu’elle avait été excitée par des Hongrois chargés de faire à tout prix échouer le Congrès slave. Quoi qu’il en soit, le 12 juin des coups de feu furent échangés entre les étudiants et les soldats do la garnison. La femme du commandant militaire, le prince Windischgrætz,fut tuée dans son hôtel. Des barricades s’élevèrent : le commando fermement établi dans la partie haute de la capitale (Hradéany) bombarda pendant trois jours la ville basse, qui se rendit à discrétion. Le Congrès fut dissous, l’état do siège proclamé à Prague; les conseils de guerre siégèrent en permanence ; la diète constituante du royaume de Bohême ne fut pas convoquée. Les élections à PAssomblée de Vienne eurent lieu peu de temps après; les Allemands du royaume y envoyèrent pour les représenter ceux de leurs compatriotes qu’ils savaient les plus hostiles à la nationalité slave. Plus préoccupés de la Grande-Allemagne que de l’Autriche, ils semblaient considérer comme dirigées contre eux toutes les tentatives des Tchèques pour arriver à leur émancipation politique. Los Tchèques, de leur côté, élurent ceux de leurs concitoyens qui s’étaient le plus compromis dans le mouvement national. Ils arrivaient à Vienne avec le programme