LA HONGRIE ET LES PAYS SLAVES. 475 la nation aux armes Les grandes familles s’imposèrent des sacrifices énormes : le prince Esterhazy fournit deux cents chevaux, l’archevêque deKalocsa cent vingt. L’enthousiasme s’accrut encore quand le lsr mai 1809 l’impératrice reine et l’archiduc héritier, quittantVienne menacée,vinrent chercher asile au château impérial de Bude. Napoléon, qui se rendait mal compte ù sentiment public en Hongrie, crut le moment venu de frapper un grand coup en détachant de l’Autriche le royaume de saint Etienne. Du quartier général de Schœnbrünn il adressa aux Hongrois une proclamation qui fut immédiatement répandue dans tout le royaume. Ce document avait été traduit par le poëte Bacsanyi qui, naguère, jeté dans la prison de Küfstein, y avait rencontré Maret, ambassadeur de la République française, arrêté par les Autrichiens. Maret, devenu depuis duc de Bassano et ministre de Napoléon, retrouva à Vienne son ancien compagnon de captivité, qui l’aida sans doute à rédiger l’original et se chargea de la traduction. « Hongrois, disait la proclamation, c’est l’empereur d’Autriche, et non le roi de Hongrie, qui m’a déclaré la guerre Votre système constamment défensif et les mesures prises par votre dernière diète ont assez fait connaître que votre vœu était pour le maintien de la paix. Le moment est venu de recouvrer votre indépendance. Je vous ott're la paix, 1 intégrité de votre territoire, de votre liberté et de vos constitutions, soit telles qu’elles ont existé, soit modifiées par vous-mêmes, si vous jugez que l’intérêt" des temps et les intérêts de vos concitoyens l’exigent. Je ne veux rien de vous ; je ne désire que vous voir nation libre et indépendante. Votre union avec l’Autriche a fait votre malheur. Votre sang a coulé pour elle dans des régions éloignées et vos intérêts les plus chers ont été constamment sacrifiés à ceux des États héréditaires. Vous formiez la plus belle partie de son empire et vous n’étiez qu’une province toujours asservie à des passions qui vous étaient étrangères, «Vous avez des mœurs nationales, une langue nationale; vous vous vantez d’une illustre et ancienne origine : re-