FORMATION DR J/ÉTAT MAGYAR. 61 dans un lac resplendissant et entouré de grands bois où les oiseaux font entendre des mélodies ravissantes. Une tradition du comitat de Hont rapporte que dans un endroit aujourd’hui désert et pierreux, avec quelques vieilles racines, vivaient des fées qui au lever de l’aurore peignaient leurs cheveux d’or sur le pays, de telle sorte que tout le monde était riche ; mais un avare ayant saisi une de ces fées pour lui couper sa chevelure, toutes s’enfuirent et la misère, la désolation succédèrent à l’abondance. Dans la ville de Deva, la fée bienfaisante apparaissait tous les sept ans ; d’autres fées bâtissaient les imirs pour les mortels et les enrichissaient de leurs trésors ; mais toujours l'ingratitude humaine les décourageait et leur faisait quitter la place» (Sayous). A côté des fées de la terre, il y avait les fées de l’air et les fées des eaux. Une des plus poétiques et des plus originales fantaisies do l’imagination magyare était Delibab, la fée du Midi, la personnification du mirage, fille de la plaine, sœur de la mer et amante du vent. Les lacs et les fleuves étaient peuplés de génies mystérieux. Les divers éléments étaient l’objet d’un culte. Un ordre sacerdotal partageait le pouvoir avec le prince. Les prêtres offraient à la divinité des chants, des prières, des sacrifices même humains dans les bois sacrés sur les autels. « Dans l’ensemble des choses, l’âme humaine conservait son existence indestructible et immortelle ; mais elle pouvait revenir sur la terre, surtout si elle avait appartenu à un illustre guerrier. L’âme passait à cheval sous la voûte de la mort et traversait un pont qui la conduisait au bonheur de l’autre monde : bonheur guerrier, comme les funérailles étaient guerrières » (Sayous). Un peuple nomade, comme l’étaient les Magyars avant leur conversion au christianisme, ne pouvait nécessairement avoir qu’une organisation très-imparfaite. Elle était plus militaire que politique. La puissance du chef suprême ne reconnaissait d’autres limites que l’autonomie relative des tribus. Elle procédait d’une élection par acclamation, élection qui paraît avoir été héréditaire dans la famille d’Arpad, mais sans que l’ordre de primogéniture