JOSEPH II. 385 dépassa pas quarante-cinq mille. L’empereur interdit de recevoir dans les gymnases les élèves qui ne posséderaient point l’allemand et substitua cette langue au latin dans l'enseignement de la Faculté de philosophie à l’Université de Prague. La compétence du tribunal d’appel de cette ville fut restreinte au royaume et cessa de s’étendre à la Moravie. Prague fut dépouillée du titre de Residenzstadt, qui fut désormais réservé à Vienne. Les attributions de la diète furent considérablement diminuées. L’empereur interdit aux États de disposer de leur fonds domestique, ou budget' spécial, sans l’approbation de la Chambre de la cour (Hofkammer) de Vienne. En 1783, il supprima le comilé permanent de la diète et transporta ses pouvoirs au gouvernement central. De toutes leurs anciennes attributions, les Etats ne gardèrent que le droit de voter l’impôt; il était d’ailleurs perçu en dehors de leur contrôle. Enfin, en 1788, Joseph annonça à la diète qu’elle n’avait plus à délibérer que sur les ¡projets présentés par le souverain et qu’elle ne serait convoquée que quand il le jugerait convenable. Les États protestèrent. Quand parut la nouvelle patente sur l’impôt (10 février 1789), le grand chancelier de Bohême-Autriche, le comte Rodolphe Ghotek refusa de la contresigner et donna sa démission. Après tant d’atteintes portées à son indépendance et à sa nationalité, il semblait que la Bohême fût absolument annulée comme royaume et comme peuple, et qu’elle fût prête à devenir une province allemande de l’Ëtat autrichien. Le moment de son grand abaissement est précisément celui de sa renaissance. Cette renaissance se rattache par certains côtés au mouvement de réaction universelle qui se produisit après la mort de Joseph II. On en put constater les premiers symptômes dès le couronnement de son successeur. « L’oppression de Joseph II, dit dans ses Mémoires 1, comte Kaspar Sternberg, avait réveillé le nationalisée qui avait longtemps sommeillé. L’empereur, qui voulait tout centraliser, voulait aussi étouffer la langue bohème; H1ST. DE L’AUTRICHE. ïb