224 CHAPITRE XIII. conclue pour dix ans ; la Valachio rentrait sous la suz«-raineté hongroise, la Serbie et l’Herzégovine étaient restituées au despote Brankovic; les Turcs prisonniers se rachetaient moyennant de fortes rançons. Le traité fut juré solennellement sur l’évangile et sur le Qoran. Mais beau-" coup de chrétiens pensaient qu’on avait eu tort de perdre si facilement les avantages du triomphe; le cardinal Julien Gesarini démontrait à la diète que le serment fait à des infidèles n’était pas valable et qu’au nom du Saint-Siège, il avait le droit de l’annuler. Malgré le traité, le roi et Hu-nyady, se résolurent à recommencer la campagne: ils se lancèrent vers la mer Noire et la Bulgarie ; le sultan Mourad était alors en Asie-Mineure. Les Génois, dignes émules des Vénitiens, moyennant une somme de soizante dix mille ducats, transportent ses troupes sur leur flotte : le 10 novembre 1444, les armées chrétienne et musulmane se trouvèrent en présence à Varna, aux environs du Balkan. Mourad, pour rappeler aux chrétiens la foi jurée, et troubler leurs consciences, avait fait arborer à la pointe d’une lance un exemplaire du traité et de l’évangile profané; les débuts de cette bataille mémorable furent'favorables aux Hongrois : leur cavalerie chargea avec une intrépidité inouïe; mais bientôt le roi Wladislaw emporté par son ardeur se précipita au fort de la mêlée; sa tête coupée dressée à son tour sur une lance annonça aux Magyars leur défaite; l’action se termina par une irrémédiable déroute. D’une si brillante armée, Hunyady ne ramena dans la patrie que quelques débris. Un bel esprit du temps fit à Wladislaw l’épitaphe souvent citée. Iîomani Cannas, ego Varnam clade nolavi ; Discite mortales non temerare fidem. La défaite de Varna ouvrait aux Turcs les portes de (jons-tantinople.