FRANÇOIS-JOSEPH; LA RÉACTION. 537 bientôt l’esprit national reprit son essor, surtout chez les classes rurales, qui, affranchies de l’ancienne sujétion, firent de rapides progrès an point de vue économique et moral. » Si la Bohême, le plus patriote peut-être des États autrichiens avec le Tyrol, était ainsi traitée, on juge ce que devait être la situation des pays italiens et de la Oalicio. Le gouvernement, une fois entré dans la voie de l’absolutisme, crut qu’il ne pouvait que se fortifier lui-même en augmentant la puissance de l'Égliso; le saint-siège et les évêques lui semblaient des alliés naturels. Dans une réunion tenue à Vienne en 1849, les prélats autrichiens s’étaient énergiquement prononcés, contre le mouvement des nationalités. Ils avaient déclaré « qu’elles étaient un reste du paganisme, que la différence des langues était une conséquence du péché et de la chute de l’homme. » On résolut de faire disparaître jusqu’aux dernières traces du joséphinisme. De longues négociations avec le saint-siège aboutirent à la conclusion du concordat de 1855. Il déclarait le catholicisme culte privilégié, autorisait la publication de tous les documents pontificaux sans contrôle du pouvoir civil. 11 plaçait l’enseignement sous la haute direction de l’épiscopat dans les écoles publiques et privées. L’État s’engageait à ne pas laisser circuler les livres censurés par les évêques. Les évêques étaient investis du droit de prononcer des peines corporelles, l’emprisonnement, par exemple, contre les clercs réfractaires à leur autorité, et le gouvernement s’obligeait à leur prêter main forte. Ces dispositions suffisent à donner une idée de l’esprit qui anime le concordat; les étrangers qui ont visité l’Autriche pendant la période qui suivit la conclusion do ce pacte célèbre ont été frappés de la torpeur intellectuelle du pays. Dans l’ordre matériel la misère était grande. Les événements de 1848-1849 avaient épuisé le trésor. A la lin de 1850, le gouvernement devait à la banque de Vienne la somme de 231 millions de florins, 371 millions en 1851. Les emprunts se succédaient d’année en année. Depuis l’année 1781, le budget autrichien n’a jamais été en équilibre. Èn 1810, le déficit avait été de 215 502 220 flo-