LA BOHÈME SOUS LES PREMYSLIDES. 117 imprévue d’un souverain sans héritier, il se trouve tout à coup abandonné à lui-même, livré aux convoitises de ses voisins. Désormais, il ne seia que rarement aux mains de souverains nationaux ; les éléments étrangers, qu’il a laisses pénétrer dans son sein, s’efforcent d’accroître chaque jour leur prépondérance: de là des crises, des tiraillements funestes, des catastrophes où une nation moins vivace que le peuple tchèque se fût peut être engloutie pour jamais. Avant d’aborder cette nouvelle période, il n’est pas sans intérêt de revenir en arrière et d’étudier, d’une part la situation de la Bohême dans ses rapports internationaux avec l’empereur et l’empire, de l’autre, la situation intérieure du pays, le développement de la civilisation. Le voisinage de l’Allemagne a toujours été dangereux pour les nations non allemandes. La Bohême, plus qu’aucun pays en a fait l’expérience. Depuis que Charlemagne avait de concert avec la papauté renouvelé l’empire d’Occi-dent, l’empereur se considérait comme le chef temporel de la chrétienté Les états mêmes qui n’étaient pas en rapport immédiat avec lui, l’Angleterre, l’Espagne admettaient au moins en théorie cette prétention. Le titre d'Auguste, attaché à celui d’empereur était dérivé du latin augere et les mots semper Augustus se traduisaient en allemand par ceux-ci : immer Mehrer des Reichs, c’est-à-dire toujours agrandisseur de l’empire. Les pays que l’empereur renonçait à conquérir étaient considérés comme ne devant leur indépendance qu’à un privilège de la munificence impériale. Au besoin ce privilège s’achetait au prix d’un tribut: c’est ainsi que, d’après le témoignage d ailleurs douteux d’Eginhard, la Bohème paya tribut à Charlemagne ; Louis le Débonnaire dans un document de 817, ¡aprésente comme faisant partie de l’empiçe, ainsi que les Avares et les Slaves qui sont à l’ouest de la Bavière. D’autre part, ainsi qu’on l’a vu plus haut, la Bohême à partir du neuvième siècle aurait payé à l’empire un tribut de cent vingt bœufs et de cinq cents marcs d’argent. En 895, on voit les princes Spytihnôv et Vratislav, impatients de la domination de Svatopluk, faire hommage à l’empereur de leurs états. En