214 CHARITRE XIII. pays après que Jeanne eut été absoute par les cardinaux comme ayant agi sous l’empire de la sorcellerie. Au fond, cette expédition d’Italie fut absolument stérile; cependant, elle eut un résultat utile; elle fit connaître aux Hongrois l’Occident ; elle leur révéla un monde plus délicat, plus élégant que ne l’était alors celui de la puszta magyare. Les lettres, les arts et les mœurs se ressentirent de ce contact passageravec le pays qui était alors à l’aurore même de la Renaissance. Si Louis abandonna l’Italie, il s'efforça du moins de rétablir solidement sur l’Adriatique la souveraineté de la Hongrie. Il avait épousé une princesse slave, Elisabeth Kotrmanovic. Il se trouvait ainsi le beau-frère chi ban de Bosnie, cette province sur laquelle les rois de Hongrie prétendaient exercer une souveraineté d’ailleurs illusoire. Le pape appelait son attention sur le développement que l’hérésie des Patarins prenait clans l’Europe orientale, et notamment chez les Slaves méridionaux. Ces circonstances contribuèrent évidemment à appeler l’aftention de Louis sur les Slaves de Dalmatie. En 1345, il fit pour enlever Zara une tentative qui fut déjouée par Venise ; quelques années plus tard, après avoir réuni une puissante armée, sous prétexte de combattre les Serbes schismatiques, il envahit soudain la Vénétie et pénétra jusqu’à Padoue. La république, incapable de lutter sur le continent, dut implorer la paix. Louis le Grand obtint la possession delà Dalmatie tout entière (1358). Ces succès assuraient à la Hongrie un libre débouché sur l’Adriatique : il ne tenait qu’à elle de devenir une puissance maritime. La Dalmatie conquise, Louis se tourna contre les hérétiques; il attaqua l’empereur de Serbie Ouroch, et l’obligea à rendre les territoires que son père avait enlevés au royaume; dans Ip banat de Bosnie, les Patarins épouvantés s’enfuirent dans les montagnes ; les Valaques orthoioxesdu comitatdeMar-maros redoutant le champion de l’église romaine, se réfugièrent dans la Moldavie, Louis était devenu un souverain agréable à la papauté, et lui fournissait des auxiliaires contre ses ennemis.