228 CHAPITRE XIV. soixante mille volontaires. C’était peu pour faire face au danger qui menaçait la chrétienté ; mais le temps des croisades était passé. Le premier choc eut lieu sur les eaux du Danube; la flotte hongroise culbuta les galères musulmanes. Hunyady et Capistran pénétrèrent dans Belgrade. Le 21 juillet 1456, Mahomet, après avoir détruit les murailles avec sa formidable artillerie, fit donner l’assaut par ses janissaires. Us franchirent la première enceinte, mais ils en trouvèrent une seconde contre laquelle se brisa leur courage. Le sultan s’enfuit jusqu’à Sopbia; il abandonnait sous les murs de la citadelle toute son artillerie et vingt-quatre mille cadavres. Hunyady survécut peu à ce triomphe ; il mourut de fatigue, peut-être d’une blessure ou d’une épidémie qui se développa sur le champ de bataille. Ses Contemporains rendirent d’éclatants hommages à sa mémoire. « Avec lui, dit le pape Æneas Sylvius, sont mortes nos espérances. » « C’était en tout un homme excellent, s’écrie Chalcon-dylas. » Et l’annaliste polonais Dlugosz, peu favorable aux Hongrois, ne peut s’empêcher d’écrire : « C’était un homme célèbre dans les combats et de haute valeur pour la conduite des armées. Sa mort fut une calamité non-seulement pour la Hongrie, mais pour tout le monde catholique. » Le roi Ladislas n’était pas digne d’avoir un tel serviteur; il le montra bien par son ingratitude. Le comte de Cilly n’avait cessé de desservir le vaillant guerrier auprès de son souverain; Ladislas, fils de Hunyady et Szilagy, son beau-frère, surprirent une lettre que le favori adressait au despote de Serbie, et où il lui proposait d’exterminer « ces chiensde Yalaques »; —c’est ainsi qu’il appelait lesHunyady. Ils se résolurent à prendre les devants. Le roi vint à Belgrade avec le comte de Cilly : les Hunyady le firent assassiner. Cette exécution sommaire n’était, vu les mœurs du temps, qu’un acte de justice; mais le roi ne la pardonna pas; à l’instigation du palatin Gara, il fit arrêter Ladislas Hunyady, le jeta en prison à Bude (16 mars 1457) et le condamna à mort. Ije bourreau troublé, frappa trois fois, sans l’atteindre au cou,la nobleviclime. « Les lois ne permettent