LA HONGRIE RÉVOLTÉE. 33 i cetto bataille qui coûta la vio au grand vizir et fit tomber aux mains du vainqueur la ville do Temesvar et les dernières possessions des Turcs en Hongrie. Le prince Eugène poursuivant ses avantages s’avança jusque sous les murs de Belgrade et fit capituler la redoutable cité. Le souvenir de cet exploit, conservé par une chanson de soldat, est encore aujourd’hui populaire dans l’armée autrichienne. « Le prince Eugène, le vaillant chevalier, il a voulu reconquérir pour l’armée la ville et la forteresse de Belgrade. Le prince Eugène, à l’aile droite, il s’est battu comme un lion. » On montra longtemps à Belgrade les ruines du palais que le vainqueur habitait dans cette ville. La perte de cette forteresse fut pour la puissance des Turcs un coup fatal. La Porte consentit à signer le traité de Poza-revac (Passarowitz, dans la principauté actuelle de Serbie). Elle abandonnait entièrement la rive droite du Danube; elle laissait à Charles VI Belgrade, une partie do la Serbie et de la Valachie. Ces conquêtes livraient à l’Autriche les clefs do l’Orient ottoman. Elle pouvait désormais on poursuivant ses succès de ce côté, annexer peu à peu, en les rendant à la liberté et à la civilisation, les populations serbes ou roumaines, qu’elle amorçait en quelque sorte par l’intermédiaire des sujets de ces nationalités déjà englobés dans la couronne de Hongrie. Mais, pour accomplir cette tâche grandiose, il aurait fallu que le souverain de la Hongrie pût y consacrer ses forces tout entières. Les princes autrichiens préférèrent poursuivre de lointaines acquisitions en Allemagne et en Italie. D’ailleurs, Charles VI songea moins à agrandir la Hongrie qu’à en assurer l’héritage à sa fille Marie-Thérèse. Nous avons vu ailleurs comment la Pragmatique sanction fut reconnue successivement par les Diètes de Croatie, de Transylvanie et de Hongrie.