LA GRANDE MORAVIE. 49 Svatopluk laissait en mourant trois fils : il désigna pouï son héritier, l’ainé, Moïmir II, et assigna aux deux autres des apanages. Il leur recommanda la concorde à son lit de mort; mais ses conseils furent mal suivis : la Moravie était loin de former un tout homogène ; la Bohême se détacha des liens de vassalité où Svatopluk l’avait tenue engagée ; les Magyars envahiront la Pannonie morave, obligèrent Moïmir à s’allier avee eux ; Arnulf fomenta la discorde entre Moïmir II et Svatopluk II ; en l’an 900, les Bavarois, unis avec les Tchèques, envahirent la Moravie. En 903, le nom de Moïmir disparaît : comment mourut-il? Comment le royaume de Moravie lui-même fut-il tout à coup anéanti à jamais? Les chroniques sont muettes sur ce grand désastre. Gosmas de Prague nous montre la Moravie ravagée à la fois par les Allemands, les Tchèques., les Hongrois. Puis l’histoire se tait ; les villes, les châteaux s’écroulent : les églises sont renversées, le peuple dispersé. « Sur la désolation universelle plane un morne silence, sans qu’on puisse deviner quand et comment cette œuvre d’épouvante s’est accomplie » (Palacky). On a justement comparé la destinée éphémère do l’empire morave à celle de ces monceaux de sable formés par le souffle de la tempête, et qu’une autre tempête suffit à enlever. Cet empire d’un jour ne nous a pas même légué de ruines ; on sait à peine, même aujourd’hui, où était cette capitale de Svatopluk, cette merveilleuse cité de Velehrad (ineffabilis munitio), où Méthode aurait baptisé le prince de Bohême. Seule la poésie populaire pleure encore sur le souvenir d’un monde évanoui : « Près du large Danube, près des flots écumants de la Morava... saigne le cœur blessé des Slaves. 0 patrie de nos nobles aïeux, théâtre retentissant de nos anciennes luttes, tu gis ensevelie dans ta vaste étendue; la flèche du malheur a transpercé ta poitrine. Ton temps est passé : ta gloire s’est endormie d’un sommeil éternel. Les fils ne trouvent plus que l’ombre de la gloire de leurs aïeux. « L’épée de Moïmir sommeille : les rochers et les ruines couvrent le casque de Svatopluk. Parfois seulement, du BIST. DB L’AUTRICHE. 4