LES PAYS BALKANIQUES. 607 provoquer un mouvement insurrectionnel chez leurs congénères de l’Erapire. Il citait des noms, donnait des chiffres et déclarait posséder les photographies de documents compromettants qui auraient été dérobés à Belgrade. Un procès en diffamation lui fut intenté par les députés qui faisaient soi-disant partie de cette prétendue conspiration. Il fut démontré que les documents allégués étaient des faux misérablement fabriqués à la légation autrichienne de Belgrade. Dans son ignorance de la langue serbe le personnel de la légation né s’était pas aperçu que l’un desdocuments fatidiques comprenait cette glose ironique : Bienheureux celui qui croit à toutes ces choses! Friedjung et ses complices en furent pour leur courte honte. Les Bosniaques et les Herzégoviniens étaient hors d’état de manifester leur indignation. Cependant, au lendemain de l’ouverture de la diète dont l’Empereur avait gratifié ses nouvelles provinces, un étudiant tirait sur le gouverneur, le général Veresanin. Ærental resta au pouvoir jusqu’à sa mort qui arriva en février 1912. Par l’annexion il croyait avoir servi l’Em-pire; il avait en réalité préparé la catastrophe finale. Ce que l’Alsace-Lorraine a été pour l’empire allemand, les deux provinces serbes l’ont été pour l’état austro-hongrois. Bien mal acquis ne profite jamais. L'attentat de Sarajevo. Le premier soin du gouvernement austro-hongrois après avoir occupé les deux provinces avait ôté d’y supprimer toutes les communications avec le royaume de Serbie. On comprenait fort bien à Vienne et à Budapest que cet Etat indépendant exercerait sur les pays sud-slaves de même langue une attraction analogue à celle que le Piémont avait naguère exercée sur les Laliens. De leur côté les Serbes du royaume ne pouvaient pas rester indifférents à la destinée de leur frères annexés. Une association s’était fondée en