LA BOHÈME. GUERRES DES HUSSITES. 195 avait débuté par être populaire et démocratique ; il se terminait par le triomphe de la noblesse qui devenait plus puissante que jamais; le roi avait dû lui engager, lui vendre ou lui laisser prendre presque tous les domaines de la couronne; il ne pouvait plus songer à les reconquérir; les biens de l’Église étaient également passés aux mains de la noblesse, et la couronne qui en tirait des impôts ou des secours de guerre, voyait tarir cette source de revenus facile à exploiter en dehors du consentement des diètes. L’équilibre entre le pouvoir du roi et celui de la noblesse était rompu. A l’étranger le nom des Bohèmes était devenu chez les peuples catholiques un objet de terreur ou de mépris. Témoin le nom de Bohémiens appliqué aux Tsiganes et la Praguerie de Paris. Ce qui restait à la Bohême, c’était l’élan généreux de la nationalité slave, c’était une certaine exaltation religieuse, une tradition d’austérité qui se reflétera plus tard dans les écrits de ses moralistes, de ses pédagogues et de ses hommes d’état, d’un Pierre de Ghelèic, d’un Komensky, d’un Charles de Zerotin et surtout dans l’idéal moral de la secte des frères bohèmes. Là, est peut-être le plus bel héritage du mouvement hussite. Sigismond survécut peu à son rétablissement: il mourut à la fin de l’année 1437. Les quelques mois qu’il passa sur le trône de Bohême furent remplis d’amertume. Il lui était impossible de concilier les engagements qu’il avait pris envers le concile et envers les utraquistes; aussi il se garda bien de favoriser l’élection de Jean de Rokycana comme évêque, et pour lui faire équilibre, il s’appuya surtout sur le parti de Jean de PHbram. L’archevêché de Prague resta vacant : l’église utraquiste fut gouvernée par un administrateur et un consistoire de curés de Prague, tous pris dans le parti de Jean de Pribram ; l’église catholique, par le chapitre métropolitain et l’évêque français, Philibert, qui consacrait les prêtres des deux clergés. A la mort de Philibert, le chapitre élut un administrateur. Mais l’évêque d’Olomouc (Olmutz), malgré les Com-pactala, se refusait à consacrer ceux qui n’abjuraient pas le calice. L’irritation était grande parmi les partisans de