CHAPITRE XI. jour parmi eux; certains prêchaient la communauté des biens et même du mariage; d’autres retournaient à l’état do nature, à la nudité primitive, à la bestialité inconsciente (les Adamites). Jean Zi2ka était obligé d’entrer en lutte contre ces réfractaires et faisait brûler ceux qui tombaient vivants entre ses mains. A Prague, le parti taborite avait recruté de nombreux adhérents et menaçait d’accaparer la ville ; il avait à sa tête le moine Jean de Zéliv, dont l’éloquence ardente exerçait sur les masses une irrésistible inilueuce. Pendant près de deux ans, ce fut le véritable souverain de Prague. Les riches bourgeois l’attirèrent dans un piège et le firent décapiter : une sédition éclata à Prague; les conservateurs utraquistes qui faisaient partie du conseil de la ville furent expulsés et remplacés par les adhérents du nouveau martyr. Cependant le grand duc de Lithuanie s’était décidé à accepter la couronne de Bohême; il avait désigné pour son lieutenant provisoire, lo neveu du roi de Pologne, le prince Sigismond Korybutovicz : le nouveau régent réunit une armée à Cracovie et entra en Bohême par la Silésie et la Moravie; il ne rencontra point de résistance. Chez ce peuple si divisé et qui poussait si loin l’usage des libertés les moins nécessaires, l'autorité du roi librement élu conservait encore tout son prestige. Le régent ' fit cesser le désordre à Prague et dans les villes royales, et restitua aux seigneurs et aux chevaliers l’administration de ces villes. Malheureusement pour la Bohème, lo prince Sigismond Korybutovicz ne remplit pas longtemps le rôle de modérateur; à la suite d’un accord intervenu entre les rois do Hongrie et de Pologne, le prince Yitold renonça à la Bohême et rappela son sage lieutenant (1422). La noblesse utraquiste, de concert avec les catholiques, tenta de remettre la Bohême aux mains du roi Sigismond; mais Zizka entreprit une vigoureuse campagne, qui, comme toujours, se termina par le triomphe des Taborites, Sigismond Korybutovicz revint à propos en Bohême pour servir de médiateur entre les deux partis; il rentrait cette fois pour son compte et mal-