162 LA BOHÊME S. LA MAISON OE LUXEMBOURG, dix-sept ans quand il succéda à son père. Il élaii loin d’offrir les traits monstrueux sous lesquels la légende l’a plus tard représenté. Il avait reçu une éducation fort incomplète; la chasse et l’ivrognerie étaient ses faiblesses principales; il avait surtout la passion des chiens. Sa première femme fut déchirée, dit-on, par un de ses chiens; cette catastrophe accidentelle valut à Yacslav un renom d'impitoyable férocité. Il traitait sans ménagements les classes supérieures de la noblesse et du clergé, confiait le plus souvent les charges de sa cour à des bourgeois, ou. à des chevaliers, à des employés d’office ou d’écurie. De là, les rancunes du clergé et de la noblesse contre lui; de là aussi, chez les classes inférieures, une certaine popularité. La Bohême, sous son règne, aurait pu jouer un grand rôle grâce à ses alliances de famille. Son frère Sigismond, fut élu roi de Hongrie (1387). Sa sœur Anne épousa le roi Bi-chard d’Angleterre. Vacslav était d’ailleurs bien vu à la cour de France à laquelle il était allié. Les premières années de. son règne furent pénibles; il excita le clergé contre lui par les violences qu’il se permit vis-à-vis des ecclésiastiques les plus considérables du royaume, notamment contre l’archevêque de Prague, Jean de Janstein, auquel il prétendait arracher la cession d’un de ses châteaux, et contre ses vicaires généraux, Puchnik et JeandePomuk (1393). Il fit torturer et jeter dans la Vltava Jean de Pomuk, dont le seul crime était d’avoir, en matière ecclésiastique, résisté à la volonté royale. Plus tard, au dix-septième siècle, quand, après l’écrasement de la Bohême, l’orthodoxie catholique y fut rétablie, on fabriqua le mythe de saint Jean Népo-mucène, prétendu martyr du secret do la confession auriculaire. Son nom et son culte furent substitués à celui de Jean Hus qu’on voulait effacer de la mémoire du peuple. La critique moderne a détruit cette légende, qui, malgré sa poésie, ne saurait se défendre aujourd’hui. Un grand nombre de nobles irrités de ces violences et do la prépondérance que Vacslav laissait à des favoris indignes lgratiarii)) se liguèrent contre lui; c’était, disaient-ils, pour rétablir la constitution du pays violée par le roi