1 6 CHAPITRE VIII. d’avoir toutesles commodités ; ainsi Gratz avait ledroitd’en-trepôt ; elle obligeait toutes les marchandises étrangères à être pesées sur les balances municipales et voiturées sur les fourgons de la ville. Plus rigoureux encore était dans certaines villes le stapelrecht. Les marchandises qui passaient à Bruck-sur-la Mur devaient être exposées sur la place publique et mises à l’enchère; elles ne continuaient leur route que si elles n’avaient pas trouvé d’acheteurs parmi les bourgeois de la ville. Sur la route de Ilatisbonne à Vienne, Enns était la grande cité commerciale. C’est là qu’était le grand entrepôt des négociants d’Augsbourg, qui allaient chercher les fourrures du Nord à la foire de Kiev, et importaient on Russie les denrées de l’Occidcnt. Sur cette route, on cite encore Medlich, Saint-Pœlten, Tulnn, Stein, Mauthausen. Elle est suivie par les négociants de Bourgogne, de Lorraine, de Cologne, de Maëstricht; d’autre part, les étoffes tissées de l'Orient, les fourrures de Hongrie, les soieries de Venise la remontent. Les transactions s’accomplissaient moitié en argent, moitié par échange. Los monnaies des Babenberg étaient frappées à Vienne et à Neustadt; elles sont fort rares. La richesse du pays était grande pour le temps, et les mœurs s’adoucissaient en raison du bien-être. Les monastères fournissent de nombreux chroniqueurs et ouvrent des écoles. Le théâtre paraît avoir été inconnu; on ne rencontre qu’un mystère de Pâques, (Osterspiel) joué au monastère de Saint-Florian. En revanche la poésie fut cultivée avec passion à* la cour des Babenberg : Léo-pold VII d’après la tradition, aurait été poëte; Frédéric le Batailleur écrit des chansons d’amour. Trois des plus célèbres minnesinger : Beinar de Haguenau, Walter von der Vogelweide etReinar de Zweter vécurent une partie de leur vie à la cour des Babenberg. Walter appelle l’Aulriche sa seconde patrie : « C’est là, dit-il, qu’il a appris à chanter et à conter. » Il célèbre à plusieurs reprises Léopold VI et Frédéric le Batailleur. Tanhuser fait l’éloge de Frédéric II pendant sa vie et-le pleure après sa mort. Avec lui, dit-il, toute joie est morte.