112 CHAPITRE VII. devint le théâtre de luttes acharnées. Cette invasion eut du moins le mérite de réveiller le sentiment de la nationalité chez la noblesse, qui s’était laissé gagner par les mœurs étrangères. Rodolphe d’Autriche finit par s’intéresser au sort de son gendre, qui ne l’avait guère ému jusque là. Si Othon de Brandebourg supprimait le jeune Vacslav et gardait la Bohême pour lui, les espérances en vue desquelles avaient été conclus les mariages de Jih-Java étaient fort compromises. Au mois de septembre 1280, Rodolphe entra en Bohème et obtint une trêve; les seigneurs et les représentants des villes consentirent à maintenir la régence à Othon de Brandebourg, mais à condition qu’en son absence il ne pourrait laisser le gouvernement à des étrangers ; il devait renvoyer on Brandebourg les troupes étrangères, et tous les Allemands qui n’étaient pas établis dans le royaume devaient l’évacuer dans le délai de trois jours, sous peine de la vie. Le jeune Vacslav devait être ramené dans la capitale, moyennant une indemnité de quinze mille marcs d’or. Néanmoins Othon trouva moyen de le garder encore trois ans, mal vêtu, mal nourri, et ne voulut le rendre à son peuple que moyennant une rançon supplémentaire de vingt mille marcs d’or. A défaut de cette somme, il se fit donner un certain nombre de châteaux-forts des plus importants du royaume. Enfin en 1283, au bout du délai de cinq ans, Vacslav sortit de captivité et monta sur le trône; Rodolphe, fidèle au traité signé, lui rendit la Moravie. Plus tard il intervint même pour faire refuser au margrave de Brandebourg les vingt mille marcs qu’il avait extorqués. La Bohême attendait avec impatience l’avénement du roi qui symbolisait pour ainsi dire le réveil de la nation et la résurrection du royaume; mais ce prince était trop jeune pour gouverner par lui-même. Sa mère Cunégonde vint s’établir auprès de lui à Prague; dans son exil de Moravie, elle avait épousé un gentilhomme tchèque, Zaviâa de Fal-kenstein. C’était un élégant cavalier, un poëte de talent, qui, par l’éclat de ses mérites, avait séduit le cœur de la royale veuve. Il prit à la cour de Vacslav une influenc