LES SURVIVANCES DE L’ÉTAT AUSTRO-HONGROIS. 647 L'Autriche proprement dite. Lorsqu’il fut question de la capitulation de l’Allemagn« et de l’Etat austro-hongrois, beaucoup d’esprits timorés ou mal informés exprimèrent cette idée que l’Allemagne, même "vaincue, sortirait de la guerre avec de sérieux avantages, attendu qu’elle s’annexerait tous les Allemands d’Autriche. Les chiffres variaient seulement suivant les diverses évaluations. Pour les uns, il s’agissait de 12 millions’, pour les autres de 10 à 12 millions. Ainsi on pouvait lire dans (a Liberté du 24 octobre 1918 : « le Vorivârts (nom d’un journal allemand) prépare l’opinion à l’abandon de l’Alsace-Lor-raine, de la Posnanie et du Slesvig, compensée et au delà par l’accession à l’empire des Autrichiens de' langue allemande : 5 à 6 millions de sujets douteux seraient remplacés par 10 à 12 millions de sujets sûrs ». Quelques pages plus loin je lis dans le même ouvrage : « Descbanel rapporte le mot d’un haut personnage allemand à Rome en septembre 1914 : nous gagnerons la guerre ; mais même si nous ne la gagnions pas, nous la gagnerions quand même, parce que nous annexerions les 9 millions d’Allemands d’Autriche. » On voit par ces deux cilatiens quelle incertitude plane sur la statistique de ces Allemands. Je prie le lecteur de vouloir bien se reporter au premier chapitre de ce livre, au paragraphe relatif à la prépondérance faussement attribuée aux Allemands, à leur répartition dans les diverses provinces. Les seules provinces entièrement allemandes de l’Etat austro-hongrois sont les deux Autriches et le duché de Salzbourg. A cette masse compacte se rattachent les Allemands de Stirie, de Carinthie et du Tirol qui, dans ces provinces, sont mêlés aux Italiens et aux Slovènes. 1. Voir S. 1!. Chronologie de la guerre, neuvième vol., pp. 213-224.