FERDINAND IV. allemande durant cette période est vraiment fort restreint : un Karajan, un Ferdinand Wolf, l’orientaliste Hammer-Purgstall, quelques médecins; on ne peut citer ici les auteurs qui, comme Palacky ou Safarik, écrivent en allemand, mais appartiennent à l’inspiration et à la nationalité slaves. Dans la littérature proprement dite, à côté de quelques chansonniers purement viennois, qui écrivent dans le dialecte de la capitale, on ne trouve guère que trois noms: Grillparzer, l’auteur de VAïeule, un romantique sans le savoir, le lyrique Antoine Auersperg, plus connu sous le nom d’Anastasius Grün, l’élégant Lenau. Pas un d'entre euxne peut être considéré comme un homme de génie. Anastasius Griin, dans ses Promenades d’un poète viennois, avait donné à l’empereur de généreux conseils qui ne furent pas écoutés : « Ouvre, lui disait-il, ton cœur à tes peuples. Donne-lui des armes brillantes et acérées, le droit de parler et d’écrire librement ; donne-lui un or pur et sans mélange, la liberté sous la protection des lois. Ton peuple serait aussi riche que son sol, s’il avait la liberté. » En 1847, l’empereur Ferdinand avait fondé l’Académie des sciences de Vienne, aujourd’hui l’une des plus florissantes de l’Europe. Pour assurer à l’Autriche quelque crédit littéraire à l’étranger, le gouvernement entretenait la Revue viennoise de littérature (Wiener Jahrbücher der Literatur), le seul recueil qui n’eût pas à se plaindre des censeurs, attendu qu’il était en grande partie rédigé par eux. La censure fut jusqu'en 1848 le véritable fléau de l’empire; aucune loi n’en déterminait les attributions. Mais elle avait pour antidote la contrebande des livres qui s’exerçait sur une grande échelle. Les prohibitions n’avaient d’autre résultat que d’exciter la curiosité du public et d’appeler son attention sur le fruit défendu. Les pamphlets introduits en fraude suppléaient au mutisme de la presse. Pour un observateur attentif, il était évident que les peuples si longtemps comprimés se soulèveraient à la première occasion, et que n’ayant pas été habitués à l’usage de la liberté, ils commettraient de grandes fautes le jour où ils seraient tout à coup appelés a en jouir.