AVANT-PROPOS. IX solument donné raison. Mais à ce moment-là on s’imaginait à Berlin que la Prusse pourrait bien succéder à l’Autriche intégrale. Mon diagnostic je l’ai commenté et précisé clans une brochure publiée au cours de l’année 1915 : La liquidation de l’Autriche-Hongrie (Librairie Alcan). Cette brochure est assez récente pour que je puisse encore y renvoyer le lecteur. Je me contenterai d’en citer deux ou trois fragments. « L’Autriche, disais-je, étant devenue l’a.vant-garde de l’Allemagne, n’a déchaîné la guerre actuelle que pour satisfaire les convoitises prussiennes. Elle doit donc disparaître. Eile a manqué à sa vocation historique, aux lois de l’honneur et de l’humanité. Sur le fronton du palais impérial de Vienne on lit cet exergue : Jus-tilia érgo amnes nationes est fundamentum Austriæ. Jamais devise ne fut plus menteuse. Si l’Autriche actuelle vient à diparaître, deux peuples seulement en regretteront l’existence : ceux qui ont vécu de l’exploitation des autres, les Allemands et les Magyars.... » Dès la première édition de ce livre, publiée en 1879, j’avais d’ailleurs fait entendre de sinistres avertissements dont malheureusement on n’a tenu compte ni à Vienne ni à Budapest. Voici ce que j’écrivais en 1878 (p. 583) : «Guidéepar une politique plus équitable envers tous les éléments qui la composent, plus respectueuse de tous les intérêts légitimes,, ¡’Autriche-Hongrie aurait pu offrir un cadre toujours ouvert à des annexions honorables, un abri désirable aux peuples fatigués du joug musulman ; elle aurait pu constituer une fédération puissante et vigoureuse entre les deux Etats russe et germanique qui l'écrasent et l’étouffent aujourd’hui. Livrée à l’égoïsme aveugle des Allemands et des Magyars, elle n'a pas su résoudre la question d’Orient à