528 CHAPITRE XXX. gogie viennoise, et, dans une adresse à l’empereur, réclama la formation d’un ministère populaire et un changement de politique vis-à-vis de la Hongrie. L’empereur accueillit avec bienveillance la députation qui alla le trouver à Schœnbrünn; mais le lendemain il s’enfuyait à Olomouc, chez ces populations slaves, qui seules lui paraissaient à l’abri de l’esprit révolutionnaire. Il laissait un .manifeste qui flétrissait les excès des journées précédentes: il annonçait qu’il allait préparer les moyens de délivrer la population de Vienne et de sauver la liberté. La capitale, abandonnée à elle-même, ne pouvait résister aux trois armées que les généraux Auersperg, Windisch-grætz et Jelacic menaient contre elle. Cependant elle entreprit de résister: le Polonais Bem fut nommé commandant de place; les républicains de Francfort avaient envoyé, pour encourager leurs coreligionnaires politiques, une députation à la tête de laquelle figurait Robert Blum, libraire de Leipzig et l’un des grands agitateurs de l'Allemagne. Après le départ de l’empereur, les membres conservateurs de la Diète, les Tchèques en tête, avaient quitté cette assemblée et s’étaient retirés à Prague, d’où ils lancèrent une protestation contre tous les agissements ultérieurs de leurs collègues restés à Vienne. La Diète n’était plus qu’un rump-parliarnent réduit à l’impuissance et annulé de fait par les événements. La capitale ne jouit pas longtemps de son triomphe ; attaquée le 28 par Windisch-grætz et Jelaëic, elle capitula le 30 octobre; les Hongrois, arrivés trop tard au secours de leurs alliés, furent écrasés par Jelacic à Sclnvechat et repassèrent la Leitha en désordre. Windischgrætz entra à Vienne et procéda-à de terribles répressions: Messenhauser, le commandant de la garde nationale, fut fusillé, Robert Blum également (10 novembre). Son titre de député à la diète de Francfort no l’avait point préservé ; le parlement allemand protesta énergiquement, et Schmerling, ministre de l’empire, dut désavouer Windischgrætz, au moment même où l’empereur Nicolas remerciait le terrible général des services qu’il avait rendus à l’ordre européen. Parmi ses victimes il