176 CHAPITRE XI. type de la défénestration qui, deux siècles plus tard, donnera le signal de la guerre de Trente ans. Vacslavse soumit à l’humiliation qu’on lui imposait, mais il mourut quelques jours après, de rage et de dépit, disent les uns, par le poison, si l’on en croit d’autres témoignages. Roi de Bohème à trois ans, roi des Romains à quinze, successeur de son père à dix-sept ans, Vacslav avait dès sa majorité épuisé toutes les grandeurs humaines; il ne sut pas en supporter le poids; prisonnier de ses nobles, prisonnier de son frère Sigismond, flottant entre le Saint-Siège et les Hussites, il fut sans cesse le jouet de ses passions, des hommes et des circonstances, et ne sut jamais les dominer: son règne marque pour la Bohême le commencement de la décadence politique. Mais la nation tchèque était arrivée à cette pé-riode'de l’histoire où les peuples valent mieux que leurs souverains et — malgré les excès inséparables d’un siècle encore à demi barbare,—- nous allons la voir accomplir de grandes choses et léguer à l’avenir une légende glorieuse et plus vivace encore aujourd’hui que celle de Charles IV ou de Premysl Otokar. La mort de Vacslav déchaîna toutes les passions que le respect de la majesté royale tenait encore en échec. Les églises, les monastères furent envahis et livrés au pillage; les prêtres catholiques chassés de la ville et remplacés par des Hussites. L’archevêque et le chapitre prirent la fuite : beaucoup de riches bourgeois, surtout parmi les Allemands, imitèrent leur exemple. L’héritier de Vacslav était, en vertu des dispositions adoptées par Charles IV, l’empereur Sigismond, celui-là même qui avait si lâchement laissé brûler Jean Hus à Constance. Les états de Bohême, les seigneurs, les chevaliers lui envoyèrent des ambassadeurs pour le prier de se rendre à Prague : ils réclamaient la faculté de communier sous les deux espèces; c’était obliger le souverain à se mettre, dès son avènement, en désaccord avec le concile et le pape. Le roi donna une réponse dilatoire et, en attendant sa venue, il chargea la reine douairière, Sophie, de gouverner la Bo-herne. La régente se vit soutenue par la noblesse, qui com-