590 CHAPITRE XXXV. • de langue sorbe ou croate, mais divisés par la religion en trois groupes différents (500,000 musulmans, 571,250 orthodoxes, 265,710 catholiques). Ces éléments divers se faisaient en quelque sorte équilibre et permettent à l’administration autrichienne d'appliquer sa- maxime favorite : diviser pour régner. Elle trouvait d’ailleurs dans les sujets slaves, tchèques, serbes et surtout croates de ses anciennes possessions, un personnel tout préparé pour organiser sa nouvelle conquête. La nouvelle province ne pouvait évidemment être adjugée ni à la Hongrie, ni à la Gisleithanie ; elle n avait aucun droit de se faire représenter aux parlements deVienne ou de Pesth. Elle était donc gouvernée au nom de l’empereur-roi, par le ministre commun des finances, qui a dans ses attributions une chancellerie spécial?. Les musulmans conservaient leur statut spécial et leur législation religieuse. A dater de 1881, le gouvernement austro-hongrois a introduit dans les deux provinces le service militaire obligatoire; cette innovation, non prévue par le traité de Berlin, a provoqué une protestation officielle de la Turquie et soulevé quelques mouvements insurrectionnels promptement réprimés. Au point de vue matériel le pays, d’ailleurs, fit de grands progrès; des chemins de fer ont été construits de Brod à Sarajevo et de Metkovich à Mostar-Sarajevo. ’Cette ville tend de plus en plus à devenir une ville européenne ; les conditions économiques des deux provinces ont été sérieusement améliorées. En 1894, M. deKallaya pu inviter un certain nombre de publicistes étrangers à venir admirer les progrès accomplis. Un certain nombre de mes compatriotes ont accepté cette invitation et chanté les louanges de M. de Kallay. Je m’honore de l’avoir refusée. Il me répugnait d’avoir à sanctionner une occupation que je considérais comme un acte de brigandage international. Ce sont surtout les catholiques et les musulmans qui ont bénéficié de l’occupation autrichienne. Les Serbes orthodoxes ont été particulièrement tenus en suspicion. Leurs sympathies devaient naturellement aller à leurs coreligionnaires .du jeune royaume qui, de leur côté, ne se consolaient pas d’avoir