FRANÇOIS II ET METTERNICH. 459 sanglante et l’Autriche devint pour les Italiens un objet d’horreur. Le cri \fuorii Tedeschi! (dehors les Allemands) fui désormais le mot d’ordre des patriotes. Ces Allemands étaient pour la plupart des Magyars, des Slovènes, des Serbes, des Polonais, des Tchèques, instruments inconscients d’un despotisme qui les écrasait eux-mômes. Le moment approchait où ils prendraient la résolution de s’en affranchir. I^a question d'Orxent (1820-1829) Cependant l’intimité de l’Autriche et de la Russie, attestée par le résultat de tant de communes transactions, allait se heurter encore à cette question d’Orient qui semble destinée à faire le désespoir de la diplomatie. Les préludes de l’insurrection hellénique commençaient à attirer du côté de la Grèce l’attention générale. Les luttes que l’État autrichien avait naguère soutenues contre la Porte, sa situation sur les limites de cet empire, sa constitution ethnographique, tout semblait prédestiner l’Autriche au rôle de protectrice des chrétiens de Turquie et d’héritière des provinces chrétiennes qui viendraient à s’en détacher. Les successeurs des rois de Hongrie pouvaient invoquer sur la Bosnie, sur la Bulgarie des droits moins hypothétiques que ceux qu’ils avaient naguère fait valoir sur laGalicie. Malheureusement dans les siècles précédents, l’Autriche, trop préoccupée des affaires de l’Occi-dent, s’était montrée peu soucieuse de justifier son nom d’empire de l’Est et le rôle que la géographie lui imposait. Joseph II avait annoncé « qu’il serait le vengeur de l’humanité et qu’il purgerait la terre des barbares qui en avaient été si longtemps le fléau. » Mais il était mort avant d’avoir réalisé ce grand rêve; tandis que l’Êtat autrichien était absorbé par ses luttes contre la Révolution française, l’influence de la Russie n’avait fait que grandir dans la péninsule, parmi ses congénères de race slave ou scs coreligionnaires du rite orthodoxe.