LA GRANDE MORAVIE. 45 couvent où il resta deux ans enfermé. A partir de cette époque, la vie du Méthode ne fut plus qu’une longue “lutte contre le clergé germanique, dont les intrigues tendaient sans cesse à lui aliéner la bienveillance du Souverain Pontife. Néanmoins, il persista dans son œuvre Vers 874, il donna le baptême au prince de Bohême, Boîivoj : la liturgie slave fut ainsi introduite en Bohême. Mais les dénonciations arrivaient sans relâche auprès du Saint-Siège ; tantôt on reprochait à Méthode la langue liturgique qu’il employait, tantôt on l’accusait d’hérésie. Svatopluk le soutenait faiblement. Méthode dut se rendre de nouveau à Rome pour se justifier; il sortit vainqueur de cette épreuve; le pape Jean VIII reconnut l’orthodoxie de sa doctrine et confirma les privilèges naguère accordés à la liturgie slave. Il serait trop long de raconter ici comment les ennemis de Méthode substituèrent de faux documents à ceux que le pape avait lui-même rédigés. Méthode dut de nouveau s’adresser au Souverain Pontife, qui lui do ma raison par une lettre lue publiquement au peuple assemblé. Il passa les dernières années de sa vie agitée à continuer et à compléter la traduction des livres saints. Il mourut le 6 avril 885. Après sa mort, ses disciples restèrent livrés, sans défense, aux persécutions de leurs ennemis. Ils durent se réfugier chez les Bulgares; là, ils trouvèrent une hospitalité empressée. L’Eglise slave se trouvait désorganisée par le départ des disciples de Méthode; les évêques allemands des diocèses voisins de Salzbourg, de Freisingen, d’Eichsstadt, de Ra-tisbonne et de Passau rédigèrent et adressèrent au pape, Jean IX 90d), un factum où ils revendiquaient pour leur juridiction le pays des Moraves, pays, disaient-ils, qui a été soumis à nos rois et à notre peuple, tant au point de vue du culte chrétien qu’au point de vue des tributs matériels.... Bon gré, mal gré, ajoutait ce factum évangélique, ils nous seront soumis : sive velinl, sive nolint, regno nostro subacli erunt. L’arrivée des Magyars* apporta un dénouement inattendu et sanglant à ces controverses dont la religion était l’objet, mais qu’elle n’animait, guère de