NOTE SUR L’ORTHOGRAPHE DES NOMS PROPRES Les dénominations reproduites sur les cartes allemandes — les seules que nos géographes puissent consulter — ont été copiées machinalement dans nos atlas et sont encore aujourd’hui presque les seules que le public français connaisse. Elles ont singulièrement contribué à faire regarder l’Autriche comme un État germanique. En lisant sur la carte de Bohême Jung Bunzlau au lieu de Mlada Boleslav, Kœniggratz au lieu de Kralovehradec, sur celle de Hongrie Stuhl-weissenbourg au lieu de Szekes Feervar, sur celle de Croatie Kreutz au lieu de Krizevac, sur celle de Car-niole Laybach au lieu de Lublania, sur celle de Moravie Brünn au lieu de Brno, sur celle de Galicie Lemberg au lieu de Lwow, on s’est tout naturellement habitué à prendre toutes ces localités pour des villes allemandes, et à n’allribuer aux populations réelles du pays qu’un rôle tout à fait secondaire, analogue tout au plus à celui que jouent aujourd’hui vis-à-vis de la nationalité française les Basques et les Bas-Bretons. Chose curieuse 1 les géographes de notre temps, pourtant si favorables à. l’idée de nationalité, sont moins bien informés que ne l’étaient leurs prédécesseurs français, il y a plus d’un siècle et demi. Sur une carte de L’Empire d’Allemagne dressée en 1713 par Sanson, géographe du roi, on.trouve en Bohême les noms à peine déformés de Mlada Boleslav, Svimbrod, Lelo-meritz, Czaslaw, Slany, etc..., en Hongrie, ceux de Szekes-Fehevar, Petsche, Colosvar (sic), en Croatie, ceux de Zagrabia, de Zegna, etc..., noms beaucoup plus voisins des formes réelles que ne le sont les