568 CHAPITRE XXXIII. (nations imprenables, tonies les ressources de la stratégie la plus savante. Leur compatriote le général Rodich fut plus heureux; il sut soumettre les Bocchesi, mieux par la persuasion que par la force ; une amnistie termina ce sanglant épisode (décembre 1869). Griefs des Croates,des Serties et des Roumains contre les Hongrois. En Hongrie, les Magyars déployèrent contre les nationalités sacrifiées par VAusgleich une farouche énergie. « Les Hongrois, a dit ingénieusement M. Laveleye, n’aperçoivent guère que ce qui est conforme à leurs désirs; pour ce qui les contrarie, ils sont aveugles. » Les Croates étaient loin d’ètre satisfaits des conditions qu’on prétendait leur imposer : en 1866 leur diète avait voté diverses résolutions, déclarant que la Croatie n'abandonnait rien de son autonomie, qu’elle n'entendait pas se faire représenter à la diète hongroise, mais traiter directement avec le souverain; ils avaient refusé d’envoyer leurs députés au parlement de Pesth ; les Magyars vainqueurs firent dissoudre la diète de Zagreb (Agram) une première fois en janvier 1867, une seconde fois en mai 1867. Elle se refusait à voter les propositions élaborées à Pesth, et protestait contre l’annexion à la Hongrie du port de Fiume, également disputé par les deux royaumes. L’évêque Stross-mayer, l'âme de l’opposition nationale, qui jeta plus tard un si grand éclat sur le concile du Vatican, avait été exilé1. Un personnage équivoque, compromis dans des spéculations scandaleuses, avait été imposé à la Croatie comme locitmtcnens banalis. Le gouvernement hongrois eut recours à un moyen, qui rappelle les procédés de Schmer- f Voir sur la vie de cet éminent prélat notre volume : le Monde •lave (première série) et les Souvenirs d'un ilavophile (Hactictle, 1906).