354 CHAPITRE XXI. Un seul acte du règne de Marie-Thérèse lui a valu en Bohême une certaine popularité ; c’est sa patente sur la corvée (1773). Elle fut mal comprise par les paysans; ils s’imaginèrent que la reme les avait affranchis de toute redevance et que ses agents leur cachaient la vérité. Ils marchèrent en bandes sur Prague pour aller y chercher le texte authentique du document royal, brûlant et pillant les châteaux sur leur passage. Il fallut une armée pour les réduire et le général Wallis eut grand’peine à protéger la capitale. Après la perte de la Silésie, Marie-Thérèse fit construire les deux forteresses de Terezin (Theresienstadt) et Josefov (Josephstadt) pour protéger le pays contre les invasions prussiennes. La Hongrie, la légende du « înoriamur pro rege ». « On a vu la maison d’Autriche opprimer sans relâche la noblesse hongroise. Elle ignorait de quel prix elle lui serait un jour. Elle cherchait chez ce peuple de l’argent qui n’y était pas. Elle ne voyait pas les hommes qui y étaient. Lorsqu’une foule de princes partageaient entre eux ses états, toutes les pièces de la monarchie, immobiles et sans action, tombaient, pour ainsi dire, les unes sur les autres ; il n’y avait de vie que dans cette noblesse qui s’indigna, oublia tout pour combattre, et crut qu’il était de sa gloire de périr et de pardonner. » Ces paroles de Montesquieu résument avec la concision habituelle à l’auteur de VEsprit des lois, le sentiment d’admiration que fit éprouver à l’Europe le dévouement des Hongrois envers Marie-Thérèse. Ceux qui ne connaissent pas le tempérament magyar n’ont vu dans ce dévouement que le fait d’une inspiration chevaleresque; mais le Hongrois esttotit ensemble légiste et chevalier: Verbœczy et Rakoczy résument les deux faces opposées de son caractère. L’épisode légendaire et pittoresque auquel se rattache le mot célèbre, moi'iamur pro rege nostro Maria-Tlieresa) demande à être expliqué avec quelques détails.