646 CHAPITRE LXI. La Gallcie. Il est encore difficile de se prononcer sur les destinées définitives de cette province. Elle se divise comme on sait en deux jiarties au point de vue ethnographique. La partie occidentale appartient sans conteste aux Polonais; la partie orientale la plus considérable est habitée par des Petits-Russes, Ruthènes ou Ukrainiens comme on les appelle aujourd’hui, qui sont revendiqués par leurs congénères Ukrainiens ou môme par un parti qui prétend les rattacher à la grande Russie reconstituée. Les Ukrainiens ont même essayé de mettre la inain sur la capitale, Lwdw, qu’ils prétendent appeler Lviv, tandis que chez nous on lui garde volontiers l’ancien nom autrichien de Lemberg. Il nous paraît bien difficile d’ukrainiser Lwthv qui est une des métropoles du monde polonais. La Galicie orientale sera-t-elle définitivement arrachée à la Pologne reconstituée? En fera-t-elle partie avec une certaine autonomie? Adhuc sub judice lis est. Quelle que doive être l'issue des événements, il semble bien que les Lkrainiens arriveront à se constituer une situation internationale ou tout au moins une autonomie dans une Russie renouvelée. Les Magyars. L’Etat magyar désormais dépourvu des Slovaques, des Ruthènes, des Serbo-Croates et des Roumains auxquels il imposait sa domination, est réduit à un chiffre net de 7 ou 8 millions d’habitants; ils doivent vivre sur leurs propres fonds, isolés de l’Allemagne désormais incapable de lui prêter un concoure militaire. L’expansion de la langue magyare est maintenant arrêtée chez les allogènes qui avaient dû l’adopter par intérêt et qui retournent librement à leur idiome national. Vu les nécessités économiques, l’Etat magyar devra fatalement vivre en accord avec les voisins qu’il avait l’habitude de dominer, peut-être même faire partie d’un nouveau zollverein, un zollverein danubien dont il n’est pas impossible de prévoir l’organisation.