234 CHAPITRE XIV. et reprit sa laite contre l’empereur Frédéric. Frédéric s’enfuit jusqu’à Nuremberg; mais les Allemands de Vienne n’étaient pas disposés à se soumettre aux Hongrois. Il fallut pour les réduire un long siège (1485.) Mathias établit Etienne Szapolyai en qualité de lieutenant royal dans cette -ville. L’archiduché d’Autriche une fois conquis, Mathias, maître delà Moravie et de la Silésie, avait en son pouvoir un état presque aussi vaste que l’Autriche actuelle, moins laGalicie et la Bohême. Mais cette puissance était peu solide ; la maison d’Autriche s’étendait par des mariages, et Mathias Gorvin n’avait pas d’héritier légitime. Il lit quelques tentatives pour essayer de faire reconnaître un fils naturel qu’il avait eu en Silésie, Jean Corvin. Une mort subite l’emporta à l'âge de cinquante ans (4 avril 1490) sans qu’il eût le temps d’assurer par ses dispositions l’avenir du royaume II s’était fait à lui-même cette fière épitaphe : « L’Autriche vaincue atteste ma foree. J’étais la terreur du monde; l’empereur d’Allemagne et l’empereur des Turcs ont tremblé devant moi; la mort seule a pu venir à bout de moi. » lia Hongrie sous nathias Corvin. La Hongrie pleura Mathias; il est resté l’un des rois les plus chers à la mémoire du peuple. Il n’appartenait pas à une dynastie étrangère : il était depuis l’extinction de la dynastie arpadienne le premier souverain issu du sang national. Il fit de grandes choses; mais ce ne fut pas un grand caractère : la mesquinerie de ses ambitions a fait plus de mal à la Hongrie que la hardiesse et la variété de ses entreprises ne lui apportèrent de profit .réel. Comme législateur, comme protecteur des lettres et des arts, sa grandeur est moins contestable. Peu de souverains ont eu plus de respect pour la constitution du pays. Il convoquait chaque année la diète et non pas seulement les prélats et les barons, mais les représentants des comitats, ce