322 CHAPITRE XIX. simulaient pas leur haine pour cette nation qui refusait de plier si opiniâtrément. « Gens dura et pervicax, non nisi atrocibus suppliais, et quæ alibi sæva vider entur,. coercerelur, » écrit le jésuite Wagner, l’historien deLéopold le Grand. Contre cette double tyrannie, la Hongrie ne pouvait trouver de secours que dans l’appui de l’étranger.' Dès 1665, un magnat croate allié à l’illustre famille des Zrinyi, François Frankopan, adressait au prince électeur de Mayence un mémoire où il disait: « Le royaume de Hongrie est arrivé à un tel état de ruine et de misère que, si Dieu n’excite les princes chrétiens à le défendre, c’en est fait de ce boulevard de la chrétienté et de toutes les nations... Les comitats supérieurs de la Hongrie sont arrivés à un tel degré do désespoir qu’ils ne voient d’autre salut que de se mettre sous la protection des Turcs..- Les Hongrois, par une antipathie nationale, ont toujours eu horreur de la domination des Turcs... Cependant aujourd’hui l’extrême nécessité les réduira à de telles pensées. » Pierre Yesselenyi, Pierre Zrinyi, le frère du général, Nadasdy et Francopan, se mirent en rapport à Vienne avec notre ambassadeur Grémonville. Mais Louis XIV, imbu des principes de la légitimité, refusait de soutenir des révoltés. Apafy restait indifférent; Zrinyi et Frankopan essayèrent cependant de soulever la Hongrie; ils ramassèrent quelques troupes; bientôt ils déposèrent les armes sur la promesse d’une amnistie pleine et entière; arrêtés, ainsi queleur complice Nadasdy, ils furent emprisonnés et, contrairement aux lois, jugés hors du territoire du royaume: Nadasdy à Vienne , Zrinyi et Frankopan à Wiener-Neus-tadt. Ils furent condamnés à mort; l’empereur, « par sa pure grâce impériale et royale, » leur épargna d’avoir le poignet tranché (30 avril 1671). L’exécution des trois comtes fut d’ailleurs le signal d’atroces persécutions dirigées tour à tour contre les patriotes et contre les protestants. Un Allemand, Gaspard Amprin-gen, fut investi de pouvoirs spéciaux et reçut le commandement suprême du pays; le primat Szelpcsenyi, plus