476 CHAPITRE XXVI. prenez donc voire existence comme nation. Ayez un roi de votre choix, qui ne règne que pour vous, qui réside au milieu de vous, qui ne soit environné que de vos citoyens et de vos soldats. Hongrois, voilà ce que vous demande l’Europe entière qui vous regarde, voilà ce que je vous demande avec elle. Une paix éternelle, des relations de commerce, une indépendance assurée, tel est le prix qui vous attend si vous voulez être dignes de vos ancêtres et de vous-mêmes. Vous ne repousserez pas ces oflres libérales et généreuses, et vous ne voudrez pas prodiguer votre sang pour des princes faibles, toujours asservis à des ministres corrompus et vendus à l’Angleterre.... Réunissez-vous en Diète nationale, dans les champs de Rakos, à la manière de vos aïeux, et faites-moi connaître vos résolutions. » Gedocument, malgré l’habileté incontestable avec laquelle il était rédigé, produisit peu d’impression en Hongrie. L’insurrection prit les armes et se concentra àRaab (Gyœr). Mal équipée, mal armée, elle se réunit dans un camp retranché sous le commandement de l’archiduc Jean. Mais la furie de la cavalerie hongroise se brisa contre les inégalités d’un sol marécageux et les décharges formidables de l’artillerie française; Gyœr succomba : les Autrichiens n’épargnèrent pas les railleries à ces beaux gentilshommes qui s’étaient laissé battre sur. le sol même de la patrie. Après ce revers, la cour demanda encore à la Hongrie quarante mille hommes, bientôt fournis par des enrôlements volontaires; ils allèrent renforcer l’armée de l’archiduc Charles. Le royaume eut d’ailleurs à souffrir de réquisitions et d’excès militaires qui n’ont pas rendu populaire la " émoire des soldats français. Le traité de Vienne détachait de la Hongrie quelques portions de la Croatie. Les Magyars ressentirent vivement cette injure. Ils n’avaient pas marchandé leur sang à l’Autriche , mais ils refusèrent de se plier aux mesures déplorables que le gouvernement de Vienne crut devoir prendre pour remédier au mauvais état de ses finances : l’empereur, soutenu par son lieutenant, le Palatin Joseph, eut recours aux moyens violents. Les députés récalcitrants furent