498 CHAPITRE XXVII. les Etats des autres provinces allemandes et avec la diète de Hongrie pour une action commune. Quand l’année 1848 arriva, tous les desiderata de la diète se bornaient à réclamer l’introduction de la représentation des villes dans les Etats et de la langue tchèque dans les gymnases. Cette assemblée était à peu près impuissante parce qu’elle était formée des seuls privilégiés et ne s’appuyait pas sur la masse même de la nation. Mais au-dessous de cette institution décrépite, il y avait lo peuple qui, depuis un demi-siècle, avait l'ait dos progrès gigantesques et qui, avant d’arriver' à son émancipation politique, avait commencé victorieusement son émancipation intellectuelle et morale. La renaissance littéraire de la Bohême avait eu, pendant les quarante premières années du siècle, un caractère purement poétique et archéologique. Cependant, dans un pays de droit historique comme la monarchie autrichienne, il était impossible que l’étude de l’histoire n’eût pas sur les esprits une influence considérable. En relisant les traités conclus entre le royaume et les princes de la maison de Habsbourg, les patriotes étaient amenés à se demander ceque leurs stipulations étaient devenues ; les épisodes de la guerre de Trente ans réveillaient le souvenir de rébellions généreuses étouffées dans le sang; les guerres des Hussites rappelaient une grande époque de développement moral et intellectuel, la liberté de conscience outragée, l’héroïsme religieux qui pendant un demi-siècle avait fait d’un petit peuple une grande nation. L’étude de la langue populaire et de l’ancienne littérature amenait à une réaction fatale contre le germanisme autrichien. Les classes bourgeoises se faisaient maintenant gloire de cultiver l’idiome qu’elles avaient autrefois dédaigné; à défaut de la vie politique qui n’existait pas, la vie nationale offrait un vaste champ d’action aux intelligences généreuses. Quelques membres de la noblesse se rattachaient au mouvement. L’esprit d’association appliqué à des fondations purement littéraires se développait avec uno rapidité singulière ; la Malice ceska (société de littérature populaire) constituait un foyer de propagande