46 CHAPITRE IV. son esprit; la Moravie fut bouleversée de fond en comble; la lituigie slave périt dans cette catastrophe. On en trouve à peine quelques traces dans l’histoire des régions où elle était née; désormais proscrite elle alla fleurir dans la Bulgarie, qui la transmit aux Serbes et aux Busses, et chez les Croates, où elle eut à soutenir de longues luttes contre le clergé romain et où elle subsiste encore dans quelques diocèses. Aujourd’hui, l’idiome latin est la langue du catholicisme. La liturgie slave n'était plus pratiquée que par quatre millions environ deRuthènes uniates en Galicie, et par quelques Serbes. Les Roumains, après l’avoir pratiquée, ont introduit dans l’Eglise la langue nationale. Mais, ni les uns ni les autres ne sont les héritiers directs de l’œuvre de Cyrille et de Méthode; ils-l’ont reçue par l’intermédiaire de la Bulgarie et de la Serbie. Leur alphabet s’appelle la Cyrilica, et conserve le nom de son glorieux inventeur. Sur les bords de. l’Adriatique, dans les diocèses actuels de Veglia, Zara, Spalato, Sibenico, environ quatre-vingt mille catholiques gardent aussi la liturgie slave; mais ils se servent d’un autre alphabet appelé la glagolica. Ce .n’est pas ici le lieu de discuter les cpiestions qui se rattachent à l’histoire de ces deux alphabets. Du reste, malgré leur retour plus ou moins volontaire à la liturgie latine, les Slaves du rite occidental n’ont pas oublié les grands apôtres de leur race; en 1863, leur millénaire a été l'occasion d’imposantes solennités; ils restent dans le passé les représentants de cette unité littéraire et religieuse que certains patriotes se plaisent à rêver pour l’avenir. L’histoire religieuse doit à Cyrille et à Méthode une place plus grande que celle qu’elle leur a faite jusqu’ici; pour la science, pour le zèle de l’Évangile, pour l’indomptable persévérance au milieu des persécutions, leur mémoire n’a à redouter aucune comparaison avec7 les apôtres de la Germanie. Revenons à Svatopluk et à son empire éphémère. Le traité de Forcheim, ainsi que nous l’avons dit plus haut, assurait l’indépendance de la Moravie : désormais la paix régna entre Svatopluk et Louis le Germanique. Maître dans ses États, Svatopluk, grâce à la puissance de