32 CHAPITRE III. Avec l’arrivée des Serbes et des Croates se clôt la série des migrations slaves sur le territoire de l’État austro« hongrois. Ces migrations, ainsi que nous l’avons déjà fait remarquer, se distinguent toutes par leur caractère pacifique : les Slaves ne se précipitent point sur les pays cultivés, attirés par les richesses du sol, la soif des conquêtes ou la douceur du climat. Ils s’avancent paisiblement et occupent en général des pays abandonnés par leurs habitants : descendus des régions transcarpathiennes, des bassins de la Vistule ou du Dnieper, ils viennent succéder en Bohême aux Marcomans, en Moravie aux Hérules et aux Gépides; parfois, comme les Slovènes qui peuplent la Carinthie et la Carniole, ils se laissent enrôler dans les armées des conquérants. Nulle part on ne voit chez eux l’esprit germanique de conquête, la préméditation du pillage; nulle part, sauf chez Samo, l’idée d’une puissante organisation appuyée sur l’unité de race ou sur l’idée religieuse. A l’époque où nous sommes arrivés, c’est-à-dire vers le milieu du septième siècle, ils possèdent à peu près tout le sol de l’Autriche-Hongrie : le bassin de l’Elbe, le bassin central du Danube, le littoral de l’Adriatique. Us vont avoir à défendre ces domaines contre les Avares et les Germains, en attendant ce peuple magyar, venu des steppes de l’Oural, qui introduira dans ces régions où on ne l’attendait guère un élément nouveau. Malheureusement les Slaves, s’ils n’ont ni le génie de la guerre, ni le génie de l’organisation, ont en revanche l’instinct de l’anarchie. Avant d’entrer dans le détail de leur histoire, d’exposer leurs tentatives plus ou moins heureuses pour fonder des Etats indépendants, nous devons donner une idée sommaire de leurs mœurs, de leurs coutumes, de leur constitution primitive et de leur religion. Mœurs, coutumes, et religion des Slave«. Comme on vient de le voir, les Slaves n’occupaient primitivement qu’une très faible partie de l’Autriche actuelle, la province de Galicie, qui se partage, encore aujourd’hui, entre les Russes, ou Ruthènes, et les Polonais . Le nom