(66 CHAPITRE X. clergé de son diocèse, refusa d’obéir au roi. Vacslav consulta l’Université sur cette grave question : l’Université se divisa ; seule la nation bohème, dans laquelle Hus et ses amis avaient la majorité, se prononça en faveur du roi et des cardinaux. Ainsi l’hérésiarque Hus se rangeait ducôtédel’Église romaine, tandis que son représentant, l’archevêque, se déclarait contre elle. Jean Hus n’avait pas seulement acquis dé l’influence sur le peuple ; le roi Vacslav n’avait jamais été en très-bons termes avec le haut clergé de son royaume; la plupart de ses favoris envisageaient d’un œil favorable les réformes proposées. Les réformateurs, pour ramener le clergé à la pureté des âges primitifs, déclaraient qu’il fallait lui ôter tout ou partie des biens qu’il possédait; mais ces biens une fois sécularisés, le ror pouvait les distribuer à ses favoris. Ainsi, des passions bien étrangères à l'idéal religieux, qu’il poursuivait assuraient à Jean Hus et à. son parti l’appui de la cour et du souverain. Il saisit cette occasion favorable pour faire rendre à la nationalité tchèque la part qui lui revenait dans l'Univer-sité. Il représenta au roi l’injustice qu’il y avait à donner aux étrangers une prépondérance écrasante sur la nation indigène, prépondérance qui se traduisait non seulement dans les décisions doctrinales, mais encore dans la répartition des fonctions universitaires et des bénéfices. « Les Tchèques, disait-il, doivent être les premiers dans le royaume de Bohême, comme les Français dans le royaume de France ou les Allemands en Allemagne. Les lois, la volonté divine, l’instinct naturel veulent qu'ils y occupent les premiers emplois. » Vacslav, conformément aux conseils de Hus, décréta que désormais, dans toutes les délibérations et élections, la nation tchèque aurait trois voix, et les étrangers une seule. Les maîtres et les étudiants allemands, indignés, quittèrent la ville do Prague en masse et allèrent fonder l’université de Leipzig (1409). Ainsi ils se considéraient comme lésés dans leur droit, du moment où on ne leur permettait plus d’être les maîtres chez autrui.