208 CHAPITRE XII. de fabriquer et de vendre la bière aux paysans. Ils s’efforcèrent de restreindre les privilèges des villes. De là des luttes intestines où le jeune roi fut souvent embarrassé de prendre parti. La couronne y perdit son prestige et la tranquillité fut plus d’une fois troublée. Vladislav fut plus heureux en ce qui concerne le règlement des conllils religieux. Les états catholiques et utra-quistes consentirent à une réconciliation solennelle ; elle eut lieu à la diète de Kutna Hora (1485); les deux partis se promirent d’observer mutuellement les compactata de Prague et les engagements du roi Sigismond : ces deux pactes devinrent désormais lois de l’état, et les rois durent les jurer lors du couronnement. Vladislav essaya, mais en vain, de faire confirmer les compactata par Alexandre VI. Le trop célèbre Borgia, si peu sévère pour lui-même, se montra aussi opiniâtre que ses prédécesseurs. Le parti utraquiste souffrait beaucoup de cette situation; son clergé se réduisait de plus en plus ; depuis la querelle de Georges et du pape Pie II, les évêques d’Olomouc refusaient de consacrer les prêtres qui ne s’engageaient point à répudier le calice. Les candidats étaient obligés d’aller chercher la consécration en pays étranger, ou de la recevoir par des moyens tortueux et plus souvent au prix du parjure. Parfois on obtenait à grand’peine qu’un évêque étranger vînt officier en Bohême. L’église utraquiste avait donc les plus grandes peines à recruter un clergé honnête ; en revanche, les prêtres sans vocation, les aventuriers s’y glissaient aisément. De là, une décadence profonde de la moralité religieuse ; Jean de Rokyeana n’était plus là pour maintenir ses disciples par l’autorité de son caractère et de son talent. Les États utraquistes s’arrogeaient le droit de nommer les membres des consistoires et réduisaient les ecclésiastiques à une sorte de servitude. Au milieu de cette décadence, la secte des frères bohèmes avait résolu la question de la hiérarchie en la supprimant ; sa morale rigoureuse était une vivante satire du relâchement des églises officielles ; elle gagnait chaque jour des adhérents, surtout dans les cercles de Hradec, de Boles-