LA HONGRIE S. LES SCJCCESS. DE ST. ÉTIENNE. 83 d’Autriche, hahile à profiter du malheur de ses voisins pour agrandir son patrimoine. Nous avons vu plus haut, comment le peu chevaleresque Frédéric avait exploité les misères de la Hongrie pour lui arracher trois comitats. Bela, une fois libre du côté des Mongols, entreprit de les reconquérir. Il marcha contre Frédéric et le vainquit sur les bords de la Leitha. Frédéric périt dans le combat. Avec ce prince s’éteignit la race des Babenberg (1246). La Bohême et la Hongrie se disputèrent son héritage ; Bela ne put empêcher le roi de Bohême d’occuper l’Autriche, mais il réussit à établir en Styrie son fils Etienne. La guerre éclata entre les deux royaumes et se termina en faveur de la Bohême. Premysl Otokar II se montra généreux. Il ne voulait pas, suivant ses propres paroles, « en affaiblissant le grand royaume de Hongrie, ouvrir de nouveau aux Tartares l’accès des deux royaumes. » Il épousa même une fille du roi de Hongrie. Sous le règne fort court d’Etienne II (1270-1272), la guerre éclata entre la Bohême et la Hongrie, et se termina sans grand avantage de part et d’autre. Un troisième personnage allait apparaître, qui saurait exploiter habilement cette rivalité des deux royaumes, Rodolphe de Habsbourg. Rodolphe entraîna Ladislas IV dans son alliance : cinquante-six mille Hongrois et Gumans figuraient dans cette bataille de Marchfeld, où succomba Pïemysl Otokar. Ainsi la Hongrie, en ruinant la Bohême, fondait la puissance de l’Autriche qui devait se retourner contre elle. Rodolphe montre dans ses lettres la plus vive tendresse pour les Hongrois : « ses fils bien-aimés, la chair de sa chair et l’os de ses os. » Douze ans plus tard, en sa qualité d’empereur il prétendait disposer en suzerain de la couronne de Hongrie. Les dernières années du règne de Bela IV avaient été affligées par les révoltes de son fils Etienne. De fait, c’était ce prince qui était le roi véritable : c’est à lui que s’adressèrent les envoyés du duc d’Anjou pour négocier les mariages qui devaient assurer la Hongrie à la maison d’Anjou. Il jouit peu du fruit de ses intrigues. Il ne régna que deux ans. Son jeune fils Ladislas (1272-1290), prince