374 CHAPITRE XXII. dans les annales ecclésiastiques. Il fit le voyage de Vienne pour tenter d’agir directement sur le fils de Marie-Thérèse. Logé au château impérial, il y fut traité moins comme un hôle que comme un prisonnier; il ne put même pas communiquer avec les évêques autrichiens. Accueilli avec une vénération enthousiaste par la population viennoise, il échoua contre le scepticisme du prince et de ses conseillers ; son séjour donna même lieu à des pamphlets violents qui d-uretit scandaliser étrangement les ombres de Ferdinand II et de Marie-Thérèse. Après le départ du pape, Joseph II poursuivit avec une nouvelle énergie sa campagne contre les institutions religieuses. Il supprima tous les couvents d’ordres mendiants, même ceux des Trinitaires qui rachetaient les captifs dans les états barbaresques. Il ne voulait plus, disait-il, laisser l’argent sortir de ses états. Il avait pourvu aux intérêts de ses sujets par des traités et par l’établissement de consulats. Un coup plus dur porté à l’Église lut la patente sur le mariage, publiée en janvier 1783. Elle faisait du mariage un contrat purement civil et instituait le divorce. L’empereur dépouilla les évêques étrangers des biens qu’ils possédaient en Autriche, et les annexa à ses domaines; il dégagea également les évêchés autrichiens de tout lien d’obéissance envers des états étrangers. En revanche, il multiplia les cures de campagnes et les écoles primaires. Les protestations incessantes du Saint-Siège obligèrent l’empereur à faire à son tour le voyage de Rome; une nouvelle entrevue avec le souverain pontife amena quelques adoucissement aux procédés toujours rigoureux, souvent maladroits, de l’empereur vis-à-vis de l’église catholique. Le Joséphinisme, ainsi qu’on l’a appelé depuis, a précédé de près d’un siècle le Kulturkampf de l'Allemagne moderne. Les universités furent traitées aussi durement que l’Église dont elles avaient si longtemps dépendu. Elles furent dépouillées de leurs biens et devinrent des établissements d’État. Joseph II, essentiellement utilitaire, ne témoigna d’intérêt sérieux que pour l’enseignement primaire. Son conseiller van Swieten le détourna même de fonder une