40 CHAPITRE IV. emportant avec lui les sandales rustiques dont ses pieds étaient chaussés. La tradition désigne.encore le champ où ce Gincinnatus slave reçut l’invitation de quitter sa charrue : on y a, au début de notre siècle, élevé un monument. Prcmysl devint le chef de la dynastie princière et royale qui régna en Bohême jusqu’en l’an 1306. Les chroniques louent sa sagesse et celle de sa femme Libuée. C’est à elle qu’elles attribuent la fondation de Prague sur la rive droite de la rivière Vltava, appelée Moldau par les Allemands. La chronique nous donne aussi, mais sans indications sérieuses, les noms des premiers successeurs de Premysl : les princes Nézamysl, Mnata, Vojen, Unislav, Kresomys), Neklan, Hostivit. Les détails de leurs règnes échappent complètement à la critique. Les annales germaniques fournissent quelques faits positifs. En 791 , les Tchèques s’allient avec Charlemagne contre les Avares; vers l’an 806, les Francs envahissent la Bohème avec trois armées et l’obligent à payer tribut ; on 845, quatorze nobles bohèmes se font baptiser à Regensbourg. Mais la Bohême n’entre réellement dans l’histoire qu’avec le règne de Borivoj, qui reçoit le baptême vers la lin du neuvième siècle. C’est par la Moravie que le christianisme entra en Bohême. On peut s’étonner que depuis trois siècles il n’eût fait dans ce pays aucun progrès; la raison de ce phénomène est facile à comprendre: les Tchèques avaient eu de nombreuses luîtes à soutenir contre les Allemands ; ils devaient être peu tentés d’accueillir avec bienveillance les apôtres germaniques qui venaient leur apporter l’évangile ; aux mains de ces apôtres, le christianisme était d’ailleurs un instrument de conquête et d’asservissement. Depuis l’avénement de Charlemagne, une alliance offensive et défensive avait été conclue entre l’eglise romaine et l’empire germanique; l’empereur prêtait au pape l’appui de ses armes, le pape prêtait à l’empereur le prestige de son autorité spirituelle. Tous deux s’étaient entendus pour conquérir le monde par le glaive et par la croix. Il est tout ftalurel que le glaive ait fait détester la croix; l’exemple des Saxons et des Slaves de l’Elbe était peu fait pour en-