LA BOHÊME SOUS LES PREMYSLIDES. 105 Magyars ravagèrent l’Autriche et emmenèrent seize mille personnes en captivité. Otokar envahit la Hongrie, s’empara de Presbourg, de Nitra, traversa le Danube et défit les Hongrois sur les bords de la Leitha. Le mancjue de vivres et une attaque inattendue du duc Henri de Bavière l’obligèrent à faire la paix. En 1271, l’archevêque de Cologne vint encore au nom de quelques princes allemands lui offrir la couronne impériale ; Otokar crut politique de la refuser. La couronne de saint Vacslav pour être moins brillante, lui parut sans doute plus solide. Cette résolution devait être fatale à la Bohême et à son roi : Rodolphe de Habsbourg fut élu (1273). Il ne pouvait exercer dignement les fonctions impériales tant qu’il aurait devant lui un rival aussi puissant que le roi de Bohème. D’ailleurs, l’élection avait eu lieu sans le consentement d!Otokar et au mépris de ses droits d’électeur. Dès qu’il connut l’avénement du nouveau souverain, il s’empressa de conclure la paix avec la Hongrie, à laquelle il avait déclaré la guerre, à la suite de l’assassinat de son beau-père Bela. Il protesta ouvertement contre l’élection de son rival; il réclama d’abord auprès du pape Grégoire X; mais le souverain pontife reconnut le nouvel empereur. (1274.) Rodolphe de Habsbourg se prépara à lutter contre son redoutable adversaire par les armes .juridiques et par la force. Il fit décider par l’assemblée des princes réunis à Nuremberg que le roi des Romains devait rentrer en possession de tous les fiefs de l’empire devenus vacants depuis l’excommunication prononcée contre Frédéric II, que tout vassal qui dans le délai d’an et jour n’aurait pas reçu une nouvelle investiture, serait déchu de ses fiefs. C’était réclamer à Otokar tout l’héritage des maisons de Carinthie et d’Autriche. Le comte palatin Ludwig assigna Otokar devant le tribunal de l’empire, attendu que depuis un an et un jour il n’avait pas fait hommage de ses domaines. D’autre part Rodolphe excitait les sujets d’Otokar en Autriche, en Carinthie, en Styrie, à se révolter contre leur souverain ; il invitait l’archevêaue de SalzLourp et l’évêque de Passau à.