LA HONGRIE RÉVOLTÉE. 333 sait en face; elle en remettait l’accomplissement à une époque plus favorable, laquelle n’arrivait pas. » Charles VI récompensa d’ailleurs les Hongrois de leur bonne volonté à voter la Pragmatique par des concessions d’une certaine importance; il s’engageait à convoquer la Diète au moins une fois tous les trois ans, à résider dans le pays lorsque les circonstances le lui permettraient, à traiter personnellement les affaires avec un conseil de lieutenance présidé par le Palatin; il fit du port de Rieka (Fiume) un port franc. Une œuvre importante de son règne fut l’organisation définitive de la frontière militaire. Elle fut étendue des rives de la Save à celles de la Tisza et de la Maros. Cette institution n’a pas été l’œuvre d’un seul homme ni d’un seul jour : en présence de la menace perpétuelle d’une invasion ottomane, plusieurs prédécesseurs de Charles VI avaient senti le besoin de créer au sein du royaume un corps spécial destiné à la défense des frontières; d’autre part, les immigrations des Serbes fuyant l’oppression ottomane fournissaient les éléments de troupes excellentes. Ainsi, après la chute de Chabats et de Belgrade, Louis II (1522) avait, avec la permission de la Diète, confié la défense de la frontière croate à des troupes allemandes qui y restèrent : ces troupes avaient leur centre à Varaiidin; vers la même époque arrivèrent de Turquie les Uscoques (Uskoci), c’est-à- dire les Slaves réfugiés, qui reçurent des territoires spéciaux avec la charge de les défendre. En 1575 fut institué un généralat des frontières slaves et croates. Vu les malheurs du temps, les commandants de ces régions se trouvèrent indépendants du pouvoir civil de la Diète de Croatie. Les troupes étaient uniquement composées de soldats allemands et slaves : elles reçurent différents privilèges, furent dispensées de tout impôt et s’accrurent par des colonisations successives. Au moment de la paix de Karlowitz, on comptait déjà trois gé-néralats, celui de Iiarlovac, de Varaiidin et celui du Banat. La Dièle hongroise n’intervint guère dans ces affaires purement militaires où les sujets magyars n’étaient pas directement intéressés, Après le traité de Karlowitz on s’ap-